28 déc. 2008

Le Bon, La Brute et le Cinglé


Réalisé par Kim Jee-Woon en 2008.
Avec Woo-Sung Jun, Lee Byung-Hun, Kang-ho Song...

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Les années 30 en Mandchourie. Le Cinglé vole une carte aux trésors à un haut dignitaire japonais. La Brute, tueur à gages réputé, est payé pour récupérer cette carte. Le Bon veut retrouver le détenteur de la carte pour empocher la prime. Un seul parviendra à ses fins, s'il réussit à échapper à l'armée japonaise, à anéantir les voyous chinois, les gangsters coréens... et ses deux adversaires.

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Kim Jee-Woon n'en est pas à son coup d'essai et sa filmographie est parée d'oeuvres magistrales comme A Bittersweet life ou le boulerversant 2 Soeurs, chaque film du réalisateur coréen est un petit chef-d'oeuvre à découvrir d'urgence, mais de tous pour l'instant, Le Bon, La Brute et le Cinglé est le meilleur. Derrière un scénario un rien baré se cache un splendide hommage à Sergio Leone et consort qui ne manquera pas d'évoquer Kill Bill de Tarantino et qui constitue une flamboyante incursion dans l'univers de l'"oriental western".


Le film commence en nous immergeant de suite dans l'action avec l'attaque d'un train (référence au premier western The Great train robbery ? à Once upon a time in the West ? ou simplement le fait que les trains soient une constante dans les westerns...) menée sans temps morts et filmée avec virtuosité par un Kim Jee-Woon décidement touché par la grâce, et continue sur la même lancée dans une débauche d'action jamais excessive et sur un ton décalé, mais juste ce qu'il faut, car nous ne sommes pas là devant une parodie !
Le Bon, La Brute et Le Cinglé bénéficie aussi d'excellentes interprétations avec évidemment en têtes celle de Lee Byung-Hun dont le personnage à l'élégance surprenante et au visage délicieusement racé, j'ai nommé Park Chang-Yi dit La Brute n'a pas fini de fasciner.
Bande son explosive, décors extraordinares, scènes d'action bluffantes et scénario cruellement barge ; un Futur film culte ?

Petit article pour un grand coup de coeur, juste pour dire que Le Bon, La Brute et Le Cinglé est une petite perle à découvrir séance tenante.


Et moi de vous laisser sur cette affiche du film qui fait la part belle à l'acteur Lee Byung-Hun qui incarne à merveille Park Chang-Yi, le magnifique assassin de Mandchourie.

22 déc. 2008

Dark Shadows Revival


Série créée par Dan Curtis en 1990. Remake de la série Dark Shadows (1966-1971).
Avec Ben Cross, Joanna Going, Barbara Steele, Roy Thinnes...

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Victoria Winters, jeune gouvernante originaire de New York et qui n'a jamais connu ses parents se rend au manoir de Collinwood où elle doit prendre ses quartiers pour s'occuper du petit David Collins. Dans le même temps, un cousin éloigné du Nom de Barnabas Collins revient au manoir prétendant être le descendant du Barnabas qui partit pour l'angleterre en 1790. Très vite il semble qu'entre lui et Victoria une étrange passion naisse.

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"My name is Victoria Winters..." ainsi commençait chaque épisode de la série dark Shadows et ainsi commence chaque épisode de son trop court revival. le theme si reconnaissable de dark Shadows, qui a hanté toute une génération d'amateur de soap-opéra, de gothicophages et de vampirophiles nous reviens empli de nostalgie pour cet élégant remake qui restera malheureusement inachevé:
Si la série originale compte 1225 épisodes, Dark Shadows revival n'en compte malheureusement que 12 dont le dernier se termine sur un cliffhanger hasardeux. L'abandon de la série est due parait-il à des problèmes financiers de la production. Mais l'absence de final digne de ce nom n'altère en rien la qualité de l'ensemble.
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On se trouve là devant un sommet de la série télévisée comme seules NBC aux Etats Unis et la BBC en Grande Bretagne savent en faire. Dark Shadows Revival sent bon la production Dan Curtis et son savoir faire dans le domaine du gothique aux accents so british et aligne les références pour donner au final un spectacle magistrale comme on en verra plus de sitôt sur le petit écran. Le Manoir de Collinwood n'est pas sans rappeler l'imposante batisse de Manderley dans Rebecca de Daphné Du Maurier, Barnabas a bel et bien le profil Draculéen, et les doutes de Victoria finissent par évoquer l'état de la gouvernante dans The Turn of the screw d'Henry James (sans pour autant aller jusqu'à la folie). Les dialogues très bien écrits et l'importance de l'aspect pictural des descriptions renforcent la dimension littéraire de la série qu'on pourrait facilement croire adaptée d'un classique !



Il faut ajouter à cela la maestria avec laquelle les réalisateurs comme Armand Mastroiani et Paul Lynch dirrigent la caméra dans les couloirs lambrisés de Collinwood, les décrors somptueux du domaine, les superbes musiques et des interprètes parfaits.

Joanna Going campe une radieuse Victoria Winters, belle et attachante, Ben Cross fait un vampire mesmérique à l'allure noble et Barbara Steele, toujours aussi belle campe une Dr Hoffman froide dont chaque réplique cinglante est un pur délice. Mais les acteurs ne se contente pas d'interpréter un seul personnage, il campent aussi leur pendants de 1790 (la série se déroule parallèlement sur 2 époques), ainsi Joanna Going devient Josette Du Près, la promise de Barnabas, Barnabas reste barnabas, mais dans un temps où il n'est pas encore vampire et Dr Hoffman devient la Comtesse Nathalie Du Près dont l'accent français très prononçé est un pur délice (délicieuse Barbara et son fameux "I agrrri").



Basé sur un scénario captivant qui comme je l'ai dit plus haut n'est pas sans évoquer les grands classiques de la littérature gothique, de Dracula à Rebecca ou les chef-d'oeuvres du cinéma de genre tels que Les Innocents de jack Clayton, ou justement le Dracula de Curtis, ou même son adaptation du Tour d'écrou de Henry James, Dark Shadows Revival est passionnant de bout en bout et possède se souffle envoutant, quasi épique qui manque à nombre de séries de genre du moment. On pourrait presque dire que dark Shadows constitue la synthèse du cinéma de Dan Curtis et de ses références littéraires et cinématographiques, ce qui en fait une oeuvre, puisqu'on peut réellement parler d'oeuvre, extrèmement riche et extrèmement poignante.

La qualité esthétique est à saluer et la scènes des noces de barnabas et Josette, au centre d'une chapelle envahie de brume et entourés de centaines de chandeliers dorés est l'apogé du véritable travail artistique de l'équipe.



Soap Opéra gothique ensorcelant, Dark Shadows Revival n'a pas à rougir devant son ancêtre, le Dark Shadows original, car il est par bien des aspects plus abouti, si l'on peut parler d'aboutissement puisqu'il s'agit là d'une chef-d'oeuvre inachevé, 12 épisodes ont suffit à faire de Dark Shadows Revival une véritable réussite du genre, et c'est sans compter sur des acteurs fabuleux et des décors magnifiques.

21 déc. 2008

Meridian : Le baiser de la Bête

Réalisé par Charles Band en 1990.

Avec Sherilyn Fenn et Malcolm Jamieson.

Musique composée par Pino Donaggio.

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Catherine, une jeune étudiante se rend en Italie où elle possède le château de ses ancêtres. Dès le jour de son arrivé, une troupe de théâtre itinérante s'installe dans le parc. catherine se sent immédiatement attiré par un membre mystérieux sans cesse affublé d'un masque...

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En 1990, la société de production Full Moon a déjà à son palmarès de fort réjouissantes productions comme le sympathique Dolls de Stuart Gordon et d'autres comme le premier volet des Subspecies de Ted Nicolaou vont voir le jour. Charles Band d'ordinaire simple producteur passe pour la huitième fois derrière la caméra, mais non pas cette fois pour réaliser un bête film d'horreur commercial, mais pour une "oeuvre" qui lui tient beaucoup plus à coeur ; Meridian, un joli petit conte de fée aux accents érotiques bien loin des attentes de l'époque, et qui ferait aujourd'hui bien pâle figure face aux films de Tim Burton.

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C'est donc sceptique que je découvre Meridian, mais je suis bien vite charmé par l'envoutante musique de Pino Donaggio qui possède un indéniable savoir faire quand il s'agit de créer des ambiances surréaliste sur des accords au synthé.

Les premières scènes de Meridian ont de quoi rebuter, la photographie souffre d'un grain assez disgracieux au premier abord mais qui confère à l'image un aspect parcheminé qui masque un manque de moyen flagrant en donnant aux décors moyen-âgeux du château un aspect plus authentique.

L'actrice Sherilyn Fenn, déjà vu dans Twin Peaks de David Lynch se donne à corps perdu dans cette petite aventure qui reste l'un des meilleures film de sa pauvre carrière dont les début auguraient pourtant le meilleur pour la suite. Son rôle n'est certe pas le plus touchant du métrage mais la naïveté du personnage et les atouts de l'actrice ont bien ce qu'ils ont de séduisant et heureusement, à aucun moment le film ne sombre dans l'excès et Charles Band ne donne pas libre cour à ses délires érotiques, même si on sent un furieux désir de déshabiller son héroïne, il film pudiquement les scènes d'amour qui se déroulent dans de très beaux décors à grand renfort de candélabres et de rideaux cramoisis.

Malcolm Jamiesson assure avec brio le double rôle de Jumeaux dont l'un est un homme froid rongé par la haine et l'autre une âme torturée en proie à un mal inhérrents aux princes charmants des contes : il se transforme en bête chaque fois que son coeur bât pour une belle princesse.

Mais la bête n'est que prétexte, le véritable fléau, c'est ce double, envahissant, ce frère aigris qui ne supporte pas de voir son monstre de frère heureux...alors lequel des deux est le monstre ? Ce n'est pas par sa grande subtilité que le scénario brille mais bien par sa naïveté. C'est cette naïveté qui donne envie d'y croire.

On en peut s'empêcher en voyant ce petit film, de penser à une relecture de La belle et la Bête car par bien des aspect, l'histoire qui nous est contée ressemble à celle bien connue de notre enfance, mais on est loin tout de même des théières chantantes de Disney. La thématique sexuelle est omniprésente dans le film de Charles Band et l'acte en lui-même est réitéré, parfois de façon symbolique, souvent de façon concrète. Même lorsque Catherine soupçonne cette bête, apparemment immortelle d'avoir assassiné son ancêtre qui en était elle aussi tombé amoureuse, elle ne peut s'empêcher de succomber à ses caresses.........et là me direz vous, tout nous pousse à croire que Band à ressorti son "Freud écourté" de Terminale (elle aussi écourtée ?) pour étayer son scénario (non je suis missant missant missant ! ^^).

Vers le final, Charles Band semble s'emmêler quelque peu les pinceaux et bacle certains aspects qui auraient gagnés à être plus travaillés. Cependant, il faut reconnaitre que cette étonnante production Full Moon a été par trop sous-estimé et que malgré un manque de moyen évident et un scénario d'une naïveté (comptons un peu le nombre de fois que j'ai écrit ce mot -_-) à toute épreuve, elle se révèle être un très joli conte de fée, mais attention, For Adult Only, qui plaira forcément aux grands sensibles comme moi et aux amateurs de châteaux haut perchés et de grosses bêtes poilues !

14 déc. 2008

Dan Curtis' Dracula

Réalisé par Dan Curtis en 1973.
Scénario de Richard Matheson.
Avec Jack Palance, Simon Ward, Nigel Davenport, Fiona Lewis, Murray Brown...

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1897, un jeune clerc de notaire anglais se rend chez le comte Dracula qui veut acquérir une demeure à Londres. Lorsqu'au dîner Dracula tombe sur une photo réunissant Lucy et Mina, son attitude change du tout au tout. Décidé à retrouver celle qu'il pense être la réincarnation de sa défunte femme, il abandonne Harker à ses 3 compagnes vampires et se rend à Londres...

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Au début des années 70, la figure de Dracula au cinéma est devenu totalement incontournable. La Hammer achève définitivement sa série avec Dracula vit toujours à Londres (Dracula is dead...and well and living in London, 1973), Jess Franco réalise ce qui reste comme l'un de ses meilleures films avec Les Nuits de Dracula (El Conde Dracula 1970) Et Andy Warhol et Paul Morissey s'apprètent à réaliser Du sang pour Dracula (1974). Il est donc normal que la télévision américaine s'intéresse au célèbre vampire et nous livre, dans la même période un téléfilm créé par des grands noms du fantastique, j'ai nommé Dan Curtis (la série Dark Shadows et son superbe Revival) et Richard Matheson (La maison des Damnés, ainsi que les scénarios du cycle Poe de Roger Coman). La succès télévisuel de cette production de 2 heures est tel, que les producteurs le réduisent à 1H40 (ce qui en fait quand même le Dracula le plus long à l'époque...mais on se demande encore où sont passé les 20 minutes charcutées) pour le diffuser en salle.


Malgré un manque de moyens flagrant, Le DRACULA de Dan Curtis n'a pas à rougir face aux films de Terence Fisher (Le Cauchemar de Dracula, 1958 et Dracula prince des ténèbres, 1966) et surtout pas face au film de Jess Franco (duquel on a tendance à le rapprocher facilement).

Le vampire est interprété par Jack palance qui insufle au personnage un côté torturé et bestial, romantique jusque là inédit, évoluant dans un scénario de Richard Matheson (maître du fantastique moderne) assez fidèle au roman de Stoker. L'adaptation, suivant tout de même la lancée de film de Franco met en avant le passé guerrier du comte et introduit pour la première fois l'idée de son amour perdu, idée reprise bien plus tard par Coppola. Il faut reconnaitre en passant que la scène où Dracula expose à Harker les batailles de ses ancêtres est beaucoup moins pognante que celle du film de Franco, mais elle n'en est pas moins belle et le film de Curtis est globalement bien plus réussi que celui de ce vieux Jess.


Jamais auparavant Dracula n'avait fait montre de tant d'émotions, il devient une figure pathétique, transportant une aura imposante, effrayante et attirante, incarnation d'Eros et Thanatos qui est obligé de détruire ce qu'il aime pour le garder auprès de lui.

Les décors démontrent le peu de moyens de la production mais aussi une grande inventivité de l'équipe du film. la demeure du vampire n'est plus le château en ruine du film de Tod Browning ou de celui de Franco, ni la batisse dont les murs arborent trophées de chasse et blasons guerriers du film de Fisher, c'est au contraire un manoir meublé dans un mélange de style empire et victorien, où les meubles vernis et les tentures de velours contrastent avec les épaisses portes de chêne et els immenses cheminés de pierre. Pas question ici de rats ou de toiles d'araignées, le sempiternel caveau est remplacé ici par un burreau certes un peu poussiéreux mais néanmoins classieux.

A côté de Dracula, c'est presque Van Helsing (Nigel Daveport) qui nous apparait comme le méchant. Le vampire devant la caméra de Dan Curtis s'effondre comme le héros d'un opéra de Verdi alors que la clameur d'une foule semble s'élever au loins, elle cri "Dracula, Dracula !", et on pourrait croire que c'est une façon de nous dire "Le roi est mort...Vive le roi !".

8 déc. 2008

La Damnation de Faust (Opéra en 4 actes par Hector Berlioz)



Opéra en quatre actes créé à Paris en 1846 par Hector Berlioz. Cette oeuvre musicale est basée sur la pièce de Goethe traduite par Gerard de Nerval.
Marciello Giordani (Faust), Susan Graham (Marguerite) et John Relyea (Mephistophélès) dans une mise en scène de Robert Lepage. Orchestre dirrigé par James Levine.
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Au crépuscule de sa vie, le Dr Faust pense à la mort. Alors qu'il s'apprète à porter à ses lèvre une coupe de poison, Mephistophélès fait son apparition sous la forme d'un séduisant voyageur qui propose à faust un étonnant voyage au pays des plaisirs et pourquoi pas l'amour sur un plateau d'argent...Non loin de là, sans l'avoir jamais vu, Marguerite rêve à faust et en tombe amoureuse en songe.

Lorsque l'on évoque Faust à l'opéra on pense forcément à l'oeuvre de Gounod et au fameux air des bijoux (aaah je ris de me vois si belle etc etc), oeuvre dont on ne peut nier le caractère parfois vaudevillesque malgré une ampleur et une beauté déconcertante. Face à ce chef-d'oeuvre incontesté se tient, plus courte et plus concise la version de Berlioz, qui n'a musicalement rien à voir, mais rien à envier à l'oeuvre de Gounod.



Le sexy Mephistophélès entraine Faust dans les bas-fonds après lui avoir rendu sa jeunesse.


Le plus bel air est sans doute la Romance de Marguerite lors de sa première et bouleversante apparition sur scène. L'interprétation sans faille de Susan Graham (qui n'a pourtant plus vraiment l'âge pour ce rôle d'innocente jeune femme) renforce l'émotion suscité par cette air mélancolique et doux qui reste très longtemps en tête et par ce rôle si injuste et si beau.

L'interprétation de Faust par Marciello Giordani est tout à fait honorable, même si l'on peut à la base reprocher un manque de nuance chez le personnage de Berlioz. Le revirement final de Faust est amené magistralement mais il est malheureusement difficile pour le spectateur de ressentir une quelconque forme d'empathie pour le personnage.

Mais le meilleur interprète de cet opéra est sans conteste John Relyea qui incarne un Mephistophélès monstrueusement sensuel à la voix grave et profonde. Personnage à la fois le plus sadique et le plus sage, la figure du diable dans cet opéra est de loin la plus intéressante.


Marguerite éfondrée alors que Faust ne revient pas.

Elle sort pensant presser son retour.




Ce chef-d'oeuvre méconnu se trouve sublimé pour cette représentation au Metropolitan Opera de New York par une grandiose mise en scène de Robert Lepage, scénographe célèbre pour avoir l'habitude de bouleverser les codes de la mise en scène pare l'utilisation de nouvelles technologies. Bien sûr, on redoute de sa part une débauche d'effets convenus et intiles, mais loin de là, Robert Lepage nous gratifie de scènes certes créées grace à un écran ou des images de synthèse, mais d'une poésie enchanteresse qui m'a tout simplement scotché ! Ce décors sophistiqué est loin de dénaturer l'opéra de Berlioz et donne à l'adaptation de l'oeuvre de Goethe une dimension fantastique inédite dirigée de main de maître par ce petit génie de Lepage. Cette vision nouvelle permet de découvrir d'une manière inhabituelle un superbe opéra par trop sous-estimé.



Malgré ces effets légèrement artificiels dans leur beauté plastique très propre, La Damnation de Faust garde tout son panache et cette pléïade d'acteurs nous offre une prestation magique pour deux heures trois quarts d'enchantement qui nous font littéralement redécouvrir l'histoire pourtant maintes fois revue de la damnation de Faust.

7 déc. 2008

Casanova

Réalisé par Frederico Felini en 1976.
Avec Donald Sutherland, Tina Aumont, Daniel Emilfork, Mary Marquet...
Librement inspiré des Mémoires de Giacomo Casanova.
Musique composée par Nino Rota.

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Felini nous offre avec Casanova un biopic génial, dublé d'un regard éclairé et froid sur la solitude d'un homme addulé et poursuivit par sa renommée.
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Le film de felini s'ouvre sur l'image stupéfiante de Casanova, ramant, bravant les éléments sur une mer constituée de sacs poubelles pour rejoindre sur une île une nonne, sur fond d'une fête en l'honneur de Venus dans les rue de Venise, ce qui constitue la première rencontre érotique et étrange du film.

La naissance du personnage est dans le film résumée en une élipse narrative qui nous dit qu'encore fort jeune, Giacomo Casanova s'est vu tomber amoureux d'une femme et ce sans espoir de retour.

L'histoire que Felini nous expose s'étale donc de l'évasion de Casanova de la prison des Plombs jusqu'à son extrème vieillesse : De l'âge d'or du personnage, jusqu'à ce qu'il sombre dans l'oublie et la quasi folie. Felini réinvente le mythe de Casanova pour en faire un véritable délire cinématographique, jubilatoire et coloré mais aussi une vision dépouillée de la déchéance d'un libertin malheureux dans un monde de dentelles et de pourritures qui sent d'ici le rance et le moisis, éclairé à moitié par des candélabres aux aux flames tremblotantes.

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Les frasques venitiennes ne nous sont proposées qu'en courts flash back, la sexualité felinienne ne se reconnaissant pas dans les délires puérils du grand séducteur italien. Felini a préféré s'attarder sur la folie des grandeurs du personnage et sur le désespoir que reflète ce besoin de séduire. On rencontrera donc succéssivement dans le film, une Marquise d'Urfé qui encaisse mal le poid des années, une géante de fête forraine, une bossue contorsionniste, jusqu'à cette pathétique scène de cour à une poupée mécanique. Le film est une véritable féérie d'un bout à l'autre : révélation d'un univers déjanté et non fresque historique au sens propre du terme, le film est mal reçu par le public qui quitte parfois la salle en plein milieu du film incapable de prendre en charge la déchéance du personnage et ne supportant pas la teinte glauque que prennent les évennements. Méprisé, détesté, Casanova reste néanmoins pour un public certes restreint mais néanmoins cinéphile, un enchantement visuel et philosophique ; un défi relevé du cinéma italien dans son plus bel âge.

Donald Sutherland, agé à l'époque de 42 ans, campe merveilleusement le personnage contradictoire, à la fois capricieux et désenchanté, pathétique et démesuré de Casanova et nous gratifie d'un jeu volontairement outrancier mais tout à fait approprié à ce tour de force ironique. Car l'ironie est à tout moment présente dans le film, une ironie qui à la fois rabaisse le personnage vis à vis de son entourage et le rend dérisoire et pittoyable pour le spectateur notamment lors de la dernière fête où Casanova se retrouve seul face à une horde de bourgeois sauvage parmi lesquels il ne peut même plus briller par sa conversation : personne ne l'écoute, personne ne le voit. Les temps changent et Casanova reste le même. C'est dans sa rencontre fortuite avec sa mère que réside le passage le plus troublant du film. S'instaure avec cette femme sarcastique un rapport étrange, une discussion annodine et surréaliste jusqu'au départ de la mère, sans au revoir ni adieu dans un carosse noir de deuil sur une étendue gelée.

D'un point de vue esthétique, Casanova est une splendeur véritable, le décor est à la démesure du personnage, comme ces énormes lustres qui doivent être déscendus pour être rallumés ou éteint, au milieu desquels seul se tient Giacomo Casanova--un géant déchu parmi ceux qui brillent encore-- Ou la démesure des orgues du Wurtemberg qui obligent les musiciens à monter sur des escabeaux pour jouer. Cette folie des grandeurs ne peut véritablement se rapprocher d'un film de Visconti, car on n'y retrouve à aucun moment ce soucis de réallisme (rappelons que Visconti est issu du néo-réallisme) mais au contraire une éxagération délirante là ou la démesure de Visconti réside dans ses personnages (Ludwig).

La dernière partie du film nous montre un Casanova vieillit, devenu bibliothécaire, au milieu de serviteurs triviaux qui voit, au milieu de cette lagune gelée, poindre puis disparaitre la Vénus de la fête et s'en aller avec elle musiques et rêves de grandeurs. Mort symbolique ou réelle du personnage qui avec ses anciennes conquêtes voit s'évaporer sa raison de vivre.



Cette débauche hallucinatoire, ce véritable "trip" érotique et tragique, surchargé et saturé fait à la fois du Casanova de Felini l'un des plus grands films qui soit mais aussi, et c'est peut-être le plus important, l'essence même du Baroque au cinéma, car c'est bien de cela qu'il s'agit, de baroque dans sa plus pure forme !

2 déc. 2008

Jack l'éventreur (1976)

Réalisé par Jess Franco en 1976.
Avec Klaus Kinski, Josephine Chaplin, Lina Romay...
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1888, dans le quartier de Whitechapel rôde l'inquiétante silhouette de celui que tout le monde appelle Jack The Ripper. Les meurtres de prostituées se multiplient et la police patauge littéralement dans la semoule. Le Dr Dennis Orloff, qui tiens un cabinet au rez de chaussé d'une jolie pension de famille et qui sort chaque nuit pour ne rentrer qu'au petit matin semble se dérober chaque fois qu'on aborde le sujet des meurtres ou qu'on lui parmle de sa mère...cet homme si sympathique en apparence, si aimable et si bon, qui se ballade dans les ruelles sombres avec une cape, des gants noirs et un scalpel ne serait-il pas en réalité Jack l'éventreur lui-même ?
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Comme je l'ai dit dans l'article sur le film de 1953 avec Jack Palance, les films mettant en scène le célèbre tueur en série sont nombreux, et les adaptations les moins connues ne sont pas forcément les moins intéressantes. C'est le cas de ce Jess Franco's Jack the Ripper mettant en scène deux têtes d'affiches plus qu'attrayantes : Klaus Kinski et Joséphine Chaplin.

Franco est loin d'être un novice dans le genre et cette nouvelle et très libre version de la funeste histoire de jack l'éventreur et par bien des aspect semblable à un précédent Thriller de Franco : L'Horrible Dr Orloff (1962) avec Howard Vernon (remake officieux du superbe Les yeux sans visage de Franju qui connaitra une version modernisée en 1988, par Franco lui-même avec Helmut Berger ; Les prédateurs de la nuit). Mais plutôt que d'entrer dans les comparaisons que seul pourront saisir les connaisseurs, Let's talk about the movie !

L'entrée en matière de ce Jack The Ripper est des plus classique, le générique en lettre rouge suit une jeune prostituée dans les rues de Whitechapel et on ne doute pas un seul instant du sort qui l'attend. Il en va de même pour le reste du film, aucun rebondissement n'est une surprise, Franco n'est pas (plus) habitué à faire dans la subtilité.

Hey non ! N'éteignez pas votre téléviseur !!! N'oubliez pas que cette version est loin d'être la moins intéressante, c'est ce que j'ai dit du moins alors à ce stade de la critique croyez-moi et croyez en Jess !
Message à l'attention des non-initiés :
Il est facil de manger du jack l'éventreur à toutes les sauces, et beaucoup on choisit le ketchup, qu'à celà ne tienne, Jess y met la double dose !
Facil aussi de matiner la recette d'un soupçon d'érotisme : Pour Jess ça sera quelques louches.
Facil enfin de faire passer un paisible quartier suisse pour le glauque quartier de Whitechapel, Jess en use et en abuse et on y voit que du bleu...




Maintenant passons aux choses sérieuse si tant est qu'on puisse être sérieux lorsqu'on parle de ce cher Jess Franco.

Entouré comme de coutume d'un casting de choix, Franco se lance dans l'aventure, avec en main un scénario pré-maché, en partie recyclé de L'Horrible Dr Orloff considéré encore aujourd'hui comme un véritable classique. La musique est confiée à un illustre inconnu qui compose un thème unique mais efficace pour les 92 minutes de métrage, la photographie ne s'encombre d'aucun filtre et les éclairages redoublent d'inventivité pour créer une atmosphère sombre et glauque à souhait qui n'a rien à envier aux autres productions du genre. Ces caractéristiques font déjà de jack The Ripper l'un des films les plus aboutis techniquement de Jess Franco, on se demandera alors pourquoi ce Ripper méconnu a sombré dans l'oublie alors que le très inférieur Les nuits de Dracula le totalement flou Rites of Frankenstein et l'abominable Abime des Mort-vivants restent gravés dans les mémoires. Réponse parce qu'il n'est justement pas assez nul pour être considéré comme une production Franco qui se respecte !!! Blague à part, j'en sais fichtrement rien !

Klaus Kinski livre une partition fort intéressante en Dr Orloff (tiens donc), serviable, excellent praticien le jour, serial killer torturé la nuit. Son regard inquiétant et fixe y est pour beaucoup et sa prestance naturelle fait le reste. Quant à Joséphine Chaplin, si son jeu n'est pas à se damner, elle reste correcte dans le rôle de la petite amie de l'inspecteur qui tombe bêtement dans les filets du tueur, histoire d'inquiéter tout le monde !

La théorie développée par Franco est moins fantasque que ce que l'ont pouvait imaginer, ici le Dr Orloff ne tue pas les femme pour leur prendre leur visage comme dans le film de 1962 (dans lequel il tente de greffer un nouveau visage à sa fille défigurée) mais s'attaque aux prostituées car sa propre mère en était une et qu'elle aurait apparemment abusé de lui (?!). L'intéressant postulat du Film de Hugo Fergonese avec Jack Palance prend une tournure quasi comique pour le non initié. Quant à moi je suis le film avec grand intérêt, mon affection pour Franco me ferait faire n'importe quoi.

La police de son côté patauge toujours, les pêcheurs remontent des morceaux de corps de la tamise (enfin, de la petite rivière suisse), la propriétaire de la pension de famille tombe amoureuse d'Orloff... et les shadocks pompent et pompent encore...


Cependant, même le spectateur le plus réfractaire sera obligé d'admettre que le film de Franco est fortement prenant, jamais ennuyeux, toujours maîtrisé et étrangement bien filmé. Alternant coup d'éclat, trouvailles surprenantes (l'aveugle qui reconnait l'éventreur grace à l'odeur d'une plante médicinale) et passages à vide démontrant un désintérêt relatif pour le sujet (longues séquences de meurtres pas toujours utiles) Jess Franco's Jack The Ripper est un film totalement bis qui en étonnera plus d'un. Tout amateur d'étrangeté se doit de l'avoir vu, les férus de polars victoriens et de Jack l'éventreur passerons leur chemin.

Pour ma part je le reverrai encore avec plaisir, ne serai-ce que pour la scène finale, qui voit un Klause Kinski très digne se rendre à la police en disant cette énigmatique réplique: "Serai-je Jack l'éventreur ? Il faudra le prouver."

-Bouh Hououou !
-Oui, c'est ça Jess...et quand est-ce que tu nous r'fais un bon film ?

22 nov. 2008

Lady Oscar

Réalisé par Jacques Demy en 1978, d'après le roman graphique La rose de Versailles de Riyoko Ikeda.

Avec Catriona McColl, Barry Stokes, Christine Böhm, Georges Wilson, Lambert Wilson.
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Sixième fille d'un noble Français frustré de ne pas avoir de fils, Oscar Françoise de Jarjayes est élevée comme un garçon. Devenue Soldat, elle entre au service de Marie Antoinette et devient sa confidente. Au fil du temps, Oscar se rend compte de la révolte qui gronde et de l'incapacité de la souveraine à gérer ses finances. En parallèle elle se découvre des sentiments nouveaux pour André, son ami de toujours, sentiments bouleversés par l'arrivé à Versailles d'un certain Axel de Fersen et par l'ambition de son père de la marier au Duc de Girodelle. La petite histoire ne tarde pas à se méler à la grande et Oscar ne peut se tenir éloignée du cataclisme social.
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Pour pouvoir critiquer correctement le film de Jacques Demy, il faut revenir à l'origine de la saga Lady Oscar et plus particulièrement à l'animé bien connu qui fit les beaux jours de France 3 juste après Albator et Ulysse 31.

Lady Oscar apparaît malgré ses nombreux défauts (ses pigeons triangulaires et autres petites erreurs inhérentes au genre) comme une oeuvre emblématique, presque un chef-d'oeuvre de l'animation japonaise. La dimension tragique de la série est indiscutable et nombre de répliques restent longtemps gravées dans les mémoires, comme les superbes musiques au claveçin et les reconstitutions des intérieurs de Versailles.


Marie Antoinette, Dauphine naîve, devenue reine trop tôt.

Riyoko Ikeda dans son roman graphique a parfaitement su rendre la tension de l'époque, l'idée de l'issue inévitable qui plane sur le couple royal et a su tout aussi parfaitement intégrer ses personnages (Oscar, André, Girodelle..) dans le tableau qu'elle dépeint. On pourra s'étonner que l'attirance que Oscar éprouve pour Fersen et les dialogues bouleversants entre les deux personnages ne paraissent en aucun cas invraissemblables, et on se surprendra à verser une larme lors du magnifique épilogue de l'épisode "Adieu est un mot d'amour" dans lequel Oscar fait ses adieux à Marie Antoinnette au soir du 13 Juillet 1789.
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C'est en 1978 que la réalisattion de l'adaptation "live" de Lady Oscar est confiée au cinéaste Jacques Demy (Peau d'Ane, les Demoiselles de Rochefort...) qui doit composer avec une équipe majoritairement japonaise et ne peut imposer ses propres choix sur le métrage. Certains disent qu'il a même dû se rabattre sur Christine Böhm dans le rôle de Marie Antoinette car Catherine Deneuve refusait de se compromettre dans ce futur nanard, mais cela reste infondé, il m'étonnerait fort que Demy ait eu le droit de demander la contribution de Deneuve. La firme japonaise qui l'emploie impose donc la jeune écossaise Catriona McColl (qui jouera plus tard dans les plus beaux films de Lucio Fulci, notamment l'Au Delà) dans le rôle d'Oscar Françoise de Jarjayes et réclame de nombreux changements scénaristiques auxquels Demy se plie, pensant lui-même que ces changements sont bénéfiques à l'histoire et sont plus respectueux de la vérité historique.

Force est de constater que sur le film, tout le monde se plante royalement (sans mauvais jeu de mot), si Michel Legrand à la musique s'en sort asez bien sans pour autant parvenir à retranscrire l'émotion des thèmes de l'animé, Bernard Evein aux décors et Jacqueline Moreau aux costumes sombrent dans un véritable trou noir créatif et même les intérieurs du château de Versailles (le film est quand même tourné dans les lieux même de l'action) se retrouvent enlaidis par des éclairages blafard et des tentures aux couleurs mal agencées. faut-il imputer ce manque de goût à la production ou à un Jacques Demy sur le déclin ?

Essayez un peu d'avaler que ce sont Oscar et Marie Antoinette dans les jardins de Versailles...ça fait mal hein !

Au niveau de l'interprétation, rien pour relever la sauce, sinon un Georges Wilson qui cabotine allègrement sachant que personne ne retiendra jamais son rôle. Catriona McColl a beau être très très très jolie, jamais ô grand jamais elle ne pourra passer pour un homme façon Chevalier d'Eon et à aucun moment le personnage d'Oscar (qui donne quand même son titre au film) n'est véritablement crédible. Le fond est atteint avec les interprétation de Christine Böhm qui se trinballe dans versailles en hurlant à tout va des "Bioutifoul ! Wonderbar !" et par un Christopher Ellison dans le rôle de Robespierre qui avec une surenchère de haussements de sourcil fini par donner le tourni. On est très très loin des personnages tragiques et attirant de l'oeuvres de Riyoko Ikeda, et on ne sait véritablement si l'on doit rire ou pleurer...jusqu'à ce que le coup de grace vienne nous scotcher totalement : Le personnage, magnifique, grand, noble, le pendant masculin d'Oscar qui respecte la jeune femme et la traite en égal, son allier à Versailles, qui la comprend, sans pouvoir la suivre lorsqu'elle rejoint les révolutionnaires, j'ai nommé le Duc Victor Clément de Girodelle...devient devant la caméra de jacques Demy un noble libertin, partouseur et grossier (interprété par l'acteur anglais Martin Potter, pourtant excellent) qui veut épouser Oscar pour s'approprier la fortune du père de Jarjayes. Là c'est définitif c'est une trahison !




Le Duc de Girodelle personnage tragique essentiel dans l'oeuvre de Ikeda, rien à voir avec le personnage interprété par Martin Potter.


Au niveau de la trame, le film a beau durer plus de deux heures, il trouve le moyen de simplifier l'histoire au maximum donnant au quatuor amoureux Oscar-André-Marie Antoinette-Fersen un caractère Vaudevillesque, notamment lors d'une scène ou Louis XVI baille aux corneilles d'un air de ravi de la crèche tandis que Marie Antoinette se fait bécotter par Fersen sur le balcon du dessous. Demy a choisit de développer au maximum l'ambigüité de la complicité entre Oscar et Marie Antoinette qui se retrouvait un peu mise de côté dans l'animé (tout public) mais le jeu outrancier de Christine Böhm tue dans l'oeuf l'idée d'une quelconque subtilité...ressembler à Catherine Deneuve ne fait pas tout.

Pour ce qui est de la tension dramatique, on repassera, la révolution arrive comme un cheveu sur la soupe, conduite par un Robespierre qui continue de hausser les sourcils à tel point qu'on en vient à croire que c'est un tic ! Oscar et André se retrouvent séparés lors de la prise de la Bastille qui marque l'issue funeste du métrage...une nouvelle trahison à l'oeuvre originale, puisque le film voit Oscar survivre et chercher désespérément André dans la foule...ce qui peut passer pour une bonne idée quand on ne connaît pas le superbe mais triste final de la série animé qui est ici totalement éclipsé.

Demy achève son film dans tous les sens du terme avec une dernière réplique totalement ridicule et mal venue "The Bastille has been taken !" (prononcez "bastile") et centre son final sur la révolution française. Certes il y a l'idée d'un décalage entre le bonheur du peuple et le désespoir d'Oscar mais on ne ressent pas le désarroi et l'émotion provoqué par l'animé. Exit aussi le petit épilogue ou Bernard Chatelet et Rosalie Lamorielle évoque le souvenir d'Oscar et d'André. Exit le souffle tragique. Exit le superbe générique "Versailles No Bara". Exit Demy... sur un immonde "FIN" rose guimauve...ah la la, que c'est triste.

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Fais pas cette tête Oscar, la série animée te rend merveilleusement justice !

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17 nov. 2008

Mycroft Holmes : Génie inexploité ?

Mycroft Holmes vu par Sidney Paget (Gravure paru dans The Strand)


Mycroft Holmes apparait à plusieurs reprises dans les nouvelles de Sir Arthur Conan Doyle mettant en scène son célèbre frère Sherlock, notament dans Le Dernier Problème et dans les recueils Les mémoires de Sherlock Holmes, Le retour de Sherlock Holmes et Son dernier coup d'archet. Il est décrit comme un personnage indolent, froid et passant ses journées au Diogenes Club de Pall Mall dont il est le co-fondateur.

Ce personnage par bien des abords antipathique n'en est pas moins une personnalité fort intéressante puisque ses capacités de déduction sont largement supérieures à celle de son frère Sherlock, qui lui reproche d'ailleurs souvent de ne pas les mettre à profit :

"...he has no ambition and no energy. He will not even go out of his way to verify his own solutions, and would rather be considered wrong than take the trouble to prove himself right. Again and again I have taken a problem to him, and have received an explanation which has afterwards proved to be the correct one. And yet he was absolutely incapable of working out the practical points..."

Les rapports fraternels qu'entretiennent les deux hommes ne semblent pas réellement relever de l'amour fou, mais leur complicité et la facilité avec laquelle Sherlock peut avouer avoir été dépassé par son frère ont quelque chose de touchant. Mycroft est loin d'être un personnage méprisant, mais la tranquilité de ses journées ne saurait être troublée que par un évènement de la plus haute importance. L'homme occupe par ailleurs un poste mystérieux, mais très important, en rapport avec les affaires étrangères, au sein du gouvernement britannique ce qui en fait une personnalité très influente en Grande Bretagne.
On pourra noter la similitude entre le portrait qu'en fait Sidney Paget pour la revue The Strand et ce cher Oscar Wilde ; résonnance de l'inspiration de Doyle ? hhm possible.

Le rôle de Mycroft Holmes, s'il n'a pas été aussi distribué que celui de Sherlock Holmes au cinéma a quand même bénéficié de l'interprétation de deux grands acteur Britaniques, j'ai nommé Christopher Lee (La vie privée de Sherlock Holmes) et Charles Gray (Sherlock Holmes attaque l'Orient Express et la série Sherlock Holmes avec Jeremy Brett). J'admet que Lee est physiquement plus proche de Sherlock que de Mycroft mais sa distinction aristocratique a vite pris le pas sur mon attitude puriste. Pour ce qui est de Charles Gray, la ressemblance n'est pas parfaite, mais on est plus proche du Mycroft légèrement corpulent et sévère décrit par Conan Doyle. J'ai toujours espoir de voir Stephen Fry interpréter Mycroft...peut-être parce qu'il a en 1998 rendu vie à Oscar Wilde avec Brio dans le film de Brian Gilbert et que dans mon esprit, les figures de Mycroft Holmes et d'Oscar Wilde demeurrent, on l'aura compris, indissociables.



Jeremy Brett et Charles Gray dans la Série produite par Granada

16 nov. 2008

Oscar Wilde et le Meurtre aux Chandelles

Roman de Gyles Brandreth

En cette fin de siècle trépidante, Oscar Wilde, dandy éclairé, virevolte de mondanités en rendez-vous discrets, lorsqu'un drame vient bouleverser sa vie. tandis qu'il s'apprète à écrire The Picture of Dorian Gray, il découvre dans un meublé le corps sans vie de Billy Wood, un jeune garçon de sa connaissance. Tout semble indiquer un meurtre rituel. Et en ami fidèle, Oscar Wilde s'est juré de ne trouver le repos tant que justice n'aura pas été faite pour Billy Wood. Commence alors pour Oscar et ses amis Arthur Doyle et Robert Sherard une enquête dans les bas-fonds de Londres qu'aucun d'eux n'est prêt d'oublier.



Ecrit par un véritable admirateur d'Oscar Wilde, The Candlelight Murder réunit le temps d'une enquête un tryptique littéraire fort sympathique composé bien sûr d'Oscar Wilde, et aussi de Sir Arthur Conan Doyle et Robert Sherard (arrière petit fils du poète William Wordsworth et grand ami et biographe de Wilde). Le moins que l'on puisse dire c'est que la trame n'est pas des plus mouvementées et que les révélation s'enchainent à un rythme très lent qui en déroutera plus d'un, mais c'est là la volonté de l'auteur de faire coller le style à la personnalité de Wilde, personnage haut en couleur mais assez peu sportif ; Ainsi, si Wilde connais déjà parfaitement certains éléments de réponse, il lui arrive de les garder pour lui et de n'en faire part a Sherard, et par là même, au lecteur que bien plus tard. Le duo Wilde/Sherard fait penser par bien des aspects au duo Holmes/Watson et la présence de Doyle n'est pas innocente du tout. Nombreuses sont les références à Sherlock Holmes, notamment lorsque Wilde fait appel aux mauvais garçon de Baker Street pour obtenir des informations, mais comme le fera remarqué Conan Doyle, c'est pour le personnage de Mycroft qu'il s'inspirera de Wilde (on pensera évidemment aux gravures de Sidney Paget pour la revue The Strand qui évoquent immanquablement Wilde) et de son côté détective de salon, Wilde préférant souvent aller s'installer dans un confortable fauteuil de son club plutôt que d'aller courir les rues.
Les sous-entendu homosexuels se font discret et ne sont pas l'intérêt principal du roman qui nous emmènera pourtant dans de drôles de salon où dînent en secret les notables et où on habille les jeunes hommes en costumes marins ; des pratiques fort sages issuent d'un érotisme desuet qui rendent d'autant plus attachant la galerie d'amis poètes de Wilde que l'on croisera à l'occasion.

La famille de Wilde tient aussi une grande place dans le déroulement de l'enquête ; c'est un réel plaisir de retrouver la figure calme et apaisante de Constance Lloyd et le père attentionné qu'était aussi Wilde en dehors de ses fantaisies

Pour ce qui est du mystère entourant l'assassina du jeune Billy Wood, on en est quitte pour un retournement de situation inattendu et séduisant qui achève The Candlelight Murder sur un dernier point d'orgue qui ne donne qu'un espoir : de voir au plus vite sortir un nouveau tome de la Série The Oscar Wilde murder mysteries par Gyles Brandreth !


28 oct. 2008

Elementaire mon cher...Lock Holmes (1988)

Réalisé par Thom Eberhardt.
Avec : Michael Caine, Ben Kingsley, Jeffrey Jones, Nigel Davenport, Lysette Anthony, Paul Freeman...
Musique composée par Henry Mancini.
Librement basé sur le personnage créé par Sir Arthur Conan Doyle

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Pour ne pas briser son image de médecin respectable, le Dr Watson (Ben Kingsley), détective a ses heures a l'idée de faire revenir le mérite à un détective créé de toute pièce, Sherlock Holmes, le héros de ses chroniques pour le journal 'The Strand'. Pour se faire il engage un acteur shakespearien raté, Reginald Kincaid (Michael Caine), qui fait office de perroquet en répétant les brillantes conclusions de Watson. le fait est que la foule qui se presse devant le 221b Baker Street n'etsst pas là pour voir le Dr Watson, mais bel et bien le nouveau héros, le grand détective Sherlock Holmes. La mascarade finit par agacer Watson a tel point qu'il renvoie Kincaid où il l'a trouvé, pensant pouvoir s'en passer et mener les enquêtes seul pour que le monde sache enfin quel fin limier il est. mais quand sa Majesté recquiert les service d'un homme exceptionnel parce que les finances sont mises en péril par des faussaires, elle ne veut rien entendre ; Holmes ou rien !


Nous connaissons tous aujourd'hui l'histoire de l'auteur dépassé par sa création. Sans entrer dans les analyses freudiennes et les comparaisons avec Frankenstein, on dira simplement que Conan Doyle a dû aller jusqu'à réssuciter Sherlock Holmes (qui pourtant avait fait une chûte fatale, avec son enemi de toujours le Professeur Moriarty, dans un torrent glacé de Suisse) pour satisfaire un public qui vouait un vériatble culte au personnage (dont le rôle au départ devait se réduire à payer les factures de Doyle), oubliant même l'auteur derrière le mythe. Si aujourd'hui on peut ignorer qui est Arthur Conan Doyle (moi je trouve ça impardonnable mais bon...), on sait forcément qui est Sherlock Holmes et ce, sans même avoir jamais lu ses aventures. C'est sur la base de ce personnage fictif dont la porté dépasse son auteur que se construit ce "Without a Clue", léger et décalé et ô combien rafraichissant !


Le pastiche holmesien a toujours quelque chose de jouissif, égratigner cette implacable figure victorieuse, cet anti héros froid et à bine des abords antipathique : Eberhardt peut se vanter d'y avoir excellé ! Elementaire mon cher...Lock Holmes est effet l'un des meilleurs pastiches aux côté de Sherlock Holmes attaque l'Orient Express et du quelque peu inférieur La vie privée de Sherlock Holmes. Les répliques, toujours subtiles, sont divinement drôles et le Holmes/Michael Caine est très attachant. On retiendra une réplique en particulier en total décalage avec le personnage original :

"-Et qu'est ce que je cherche au juste, Watson ?
- Des empreintes Holmes, des empreintes...
- Oh eh ben prévenez moi quand j'en trouve...des empreintes."

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Le jeu des acteurs est brillant et le duo Ben Kingsley/Michael Caine est fabuleux. jeffrey Jones interprète un Lestrade peu convaincu par les méthodes de Holmes, mais qui accourt à chaque fois que ce dernier marmone un "mmh intéressant" en regardant n'importe quoi avec sa loupe. sans oublier Nigel Davenport en ministre des finances boursouflé, Lysette Anthony en femme fatale manipulatrice et Paul Freeman en Moriarty impitoyable et cabot - pendant diabolique, non plus de Holmes, qu'il sait être un abruti, mais de watson - qui connaitra une fin à la hauteur vertigineuse du personnage.


Tout ce petit monde évolue dans une parfaite reconstitution du Londres victorien, et sur une musique très inspirée composée par Henry Mancini (Love Story, Romeo & Juliet). En plus d'être une délicieuse parodie, 'Without a Clue" est aussi une grande leçon de cadrage et de montage ; on ne peut qu'admirer la beauté des plans et les positionnements judicieusement audacieux de caméra (j'aime bien les formules ampoulées pour pas dire grand choses ^_^).
Elementaire mon cher...Lock Holmes est donc un petit bijou de la parodie holmesienne qui joue sur une thématique fascinante, intéligent et distrayant ; à (re)découvrir !

19 oct. 2008

Man in the Attic

Réalisé par Hugo Fergonese

avec Jack Palance, Constance Smith, Byron Palmer...

D'après le roman de Marie Belloc Lowndes

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Londres, 1888, un étrange locataire s'installe dans une tranquille pension de famille. Son arrivée coïncide avec le début d'une série de meurtre de prostituées dans le quartier de Whitechapel. Sous ses airs calmes et introvertis, sombre mais toujours poli, le mystérieux Mr Slade ne serait-il pas en réalité celui que tout le monde surnome Jack l'Eventreur ?

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En 1953, le public connait déjà au moins 2 versions de l'histoire de Jack the ripper. La première est celle d'Alfred Hitchcock (qui reste malheureusement encore trop méconnue de nos jours) film muet intitulé The Lodger (le locataire) qui joue avec habileté sur l'identité du coupable, et sur sa culpabilité même, brouillant les pistes comme seul Hitchcock sait le faire. La seconde porte le même titre et fut réalisée par John Brahm en 1944. Cette version est nanti d'un budget confortable et d'un casting enviable (Merle Oberon et Georges Sanders en tête). La version de Fergonese débarque donc sur un territoire occupé par des grands noms du cinéma, Adaptant pour la troisième fois à l'écran le roman de Marie Belloc Lowndes.

Evidemment cette version est loin d'être la dernière, suivront la version "choc" scénarisée par Jimmy Sangster en 1958, la version de Jess Franco avec Klaus Kinski et Joséphine Chaplin en 1976, différentes aventures de Sherlock Holmes confrontant le détective au célèbre meurtrier, le téléfilm magistral avec Michael Caine en 1988 et évidemment le superbe From Hell en 2001...




Ce que l'on peut dire d'emblée de ce Man in the Attic, c'est qu'il n'a pas marqué les mémoires : situé chronologiquement entre deux versions considérées aujourd'hui comme lui étant facilement supérieures, il est resté inédit en France en DVD jusqu'à il y a peu et ne figurera jamais au top 100 des meilleures ventes, très injustement d'ailleurs.
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Le film s'ouvre sur de très jolis plan de whitechapel, visiblement tournés en Studio, baignant dans un fog épais, à la fois intimiste et menaçant, comme si le brouillard censurait une vérité indicible et macabre, à un stade ou pourtant aucun meurtre n'a encore été commis. La première scène ammène subtilement la tension, jouant sur le non dit et l'invisible, un cri dans la nuit, des hauts talons claquant sur le pavé, un réverbère, seuls témoins de la scène. Puis Jack Palance apparaît par la magie du montage, non pas sous les traits d'un tueur sanguinaire, face à sa proie, mais d'un homme souriant, dans l'encadrement d'une porte, un locataire potentiel pour une petite pension de famille, taciturne, secret, et absent chaque nuit...le suspect idéal.




Alors grande question, Mr Slade, le fameux locataire est-il Jack l'eventreur, ou n'est-il pas jack l'éventreur ? C'est là une des grandes forces du film : quand tout semble l'accuser, on en quand même tenter de croire à son innocence. C'est vrai, il est si facile d'accuser le nouvel arrivant, quasi inconnu, peu bavard, alors qu'il pourrait s'agir de n'importe qui, pourquoi pas le propriétaire de la pension qui à bien y regarder n'apparait pas blanc bleu... volontairement le réalisateur attire notre regard sur la population bourgeoise des coins chic de whitechapel, plus que sur celle des coins populaires. Après avoir semé le doute, avoir quasi innocenté son personnage central, le film l'accuse définitivement : Mr Slade a toujours détesté sa mère, car celle ci a dû se prostituer pour lui payer à manger...il aurait préféré mourir de faim plutôt que de vivre ce déshonneur. Ta da ! Etonnament on tombe de haut ! Le spectateur étant persuadé qu'il va assister à un retournement de situation prodigieux se retrouve pris au piège de sa propre réflexion ; la surprise vient en fait du dénouement le plus plausible dès le départ.


Le final du film laisse la question ouverte : vrai ou faux coupable ? Le saura-t-on un jour ? Reste que la prestation de jack Palance en impose sacrément et que l'atmosphère du film est très réussie. Man in The Attic, intelligent et intéressant est définitivement ce qu'il convient d'appeler un bon film.

12 oct. 2008

Il Fantasma dell'opera


Réalisé par Dario Argento.

Avec Asia Argento, Julian Sands, Andrea Di Stefano, Nadia Rinaldi et Coralina Cataldi Tassoni.

Musique composée par Ennio Morricone.

D'après le roman de Gaston Leroux.

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1877, Opéra Garnier, un mystérieux fantôme hante les sous-sols de l'opéra et tue tous ceuw qui s'y aventurent. Un soir, il entend chanter la jeune Christine Daae, et s'éprend passionnément de la jeune femme, s'en suit, on le sait, l'histoire tragique que tout le monde connait.

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Argento est, plus que jamais dans un les années 90 un cinéaste décrié, après deux décénies d'oeuvres magistrales et personnelles (Profondo Rosso, Suspiria, Infernio, Phénoména...), Argento ne sait plus vraiment dans quel sens tourner la page ; faut-il revenir à un cinéma onirique, proche de Suspiria ? Ou se couler dans le moule d'un cinéma plus populaire ? Le premièr essai marquant le début de cette décénie 90 sera le peu concluant TRAUMA (avec Asia Argento), demi ratage au accent de slasher américain, qu'on oublira vite. En 1996 Argento nous reviens en force avec son superbe Syndrome de Stendhal, nouveau chef-d'oeuvre qui laisse espérer le retour du maître...Mais hélas, lorsque Argento entreprend de réaliser une adaptation du Fantôme de l'Opéra, peu sont prêt à le suivre. En 1987, Argento a déjà réalisé un hommage officieux au fantôme de l'opéra avec son OPERA, oeuvre baroque qui n'a malheureusement pas fait l'unanimité, d'où la réticence des gens du métier.
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En 1998, sort sur les écrans donc cette version très personnelle du Fantôme de l'Opéra de Leroux et force est de contater que comme tous les films d'argento, celui là ne laisse personne indifférent. Contre toute attente, Argento n'adapte pas l'histoire à la sauce giallo, il choisit de garder l'essence de l'oeuvre de Leroux, mais lui donne un côté sombre encore plus appuyé, ses personnages comme toujours trainent dans leur sillage des travers inavouable si bien que les lieux, si connus de l'intrigues, en finissant par ressembler à leur occupant, nous parraissent totalement étrangers.

Ces décors ont comme toujours chez Argento fait l'objet d'un soin particulier et on remarquera, pour peu que l'on soit attentif une tonne de référence à la peinture, de Jerôme Bosh à Degas (que l'on croisera d'ailleurs au détour d'une répétition de ballet, en train de croquer les petites ballerines). Un seul reproche peut être fait à argento sur le plan des décors : Avoir voulu nous faire avaler que la grande salle était celle de l'opéra Garnier alros qu'il s'agit manifestement de celle de l'opéra de Budapest...



Quand je parlais des travers innavouables des personnages d'Argento, je ne faisait pas forcément référence à ceux du fantôme (même s'ils sont légions c'est terrible) ou à ceux de Christine (dont le seul travers et de ne pas savoir ce qu'elle veut) ni même à ceux de Raoul (qui est diablement transparent), mais bien de ceux de TOUS les autres personnages. Argento et son scénariste Gerard Brach (qui fut un temps le scénariste atitré de Roman Polanski) nous ont concocté une galerie de second rôles épouvantables et pourtant délicieusement rendus à l'écran par la caméra du maestro : La jeune bonne de Christine, jouée par l'excellente Carolina Cataldi Tassoni, qui fûme comme un pompier et jure comme un marin, La Carlotta, merveilleuse (façon de parler) Nadia Rinaldi en diva obèse et insupportable, à la fois la pire et la meilleure de toute l'histoire du fantôme de l'opéra, Deux producteurs pédophiles qui regardent les jeunes ballerines comme un chat regarde des filets de saumon, Une costumière et un machiniste qui passent leur temps à s'envoyer en l'air, et un chasseur de rat totalement décalé, positivement répugnant qui provoque le rire qui détend l'atmosphère...ou le haut le coeur qui allège l'estomac (humpf désolé c'était trop facile).

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L'évolution de cette galerie de personnage ne passe donc pas innaperçue et éclypse un peu l'histoire d'amour entre Christine, interprétée merveilleusement par la magnifique Asia Argento qui comme toujours se donne corps et âme, et le Fantôme, joué par un Julian sands qui m'évoque immanquablement une part de quiche affublée d'une cape... Cette histoire d'amour parlons en ! Ce qui choque dans la vision que se fait Argento de cette passion, ce n'est pas tant le nombre élevé de meutres sanglant et complaisament filmés, mais plutôt l'intrusion, du sexe mal venu, éternel banni de cette histoire sublime. En effet, si parler des travers du Fantôme selon Argento serait bien trop long, on peu néanmoins en lister deux : la zoophilie, et l'obsession de l'acte charnel...non pas que Julian Sands saute sur tout ce qui bouge, mais lorsqu'il emmène Christine dans son repère ça n'est pas pour lui faire chanter son Dom Juan Triomphant (musique totalement absente du métrage, dommage)...graveleux détour que prend là Argento qui nous avait habitué à des situations hautement plus rafinés et hautement plus majestueuse (rappelons qu'en 77 il fut taxé de pornographie pour Suspiria qui ne comportait aucune scène de sexe ni aucune allusion au sexe !).




Il Fantasma dell'Opera accumule les maladresses de ce genre, la pire de toute, considérée par certains comme une trahison, est la suivante : le fantôme n'est pas défiguré le moins de monde, et ne porte aucun masque (Argento aurait-il jugé que Julian Sands était assez moche pour jouer sans maquillage ?)...mais alors pourquoi se cache-t-il ?? Bah parce qu'il a été élevé par des rats pardis !!! (J'entend déjà Clélie hurler au scandale ^_^) Aaah ça explique donc les penchants zoophiles...à ce niveau là on se demande si le scénario n'a pas été écrit sous l'effet de l'alcool.

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Il est impardonnable de ma part de n'avoir pas rendu justice plus tôt à la superbe partition d'Ennio Morricone, qui arrive à rendre ce film très beau, même dans ses pires moments, avec ses long soupirs langoureux, ses cordes qui pleurent (le cinéaste fini ?) sur un final si pognant qu'on en vient à oublier les défaut les plus marquants de ce Fantôme de l'Opéra, qu'on se surprend à revoir une seconde, puis une troisième fois, pour en découvrir à chaque fois une qualité nouvelle...c'est ça aussi le cinéma d'Argento, comme c'est un peu ça aussi le Fantôme de l'Opéra

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Derrière tous ses défaut plus ou moins gros, reste qu'on décèle encore chez Argento cette volonté de s'approprier son thème, tant au niveau esthétique que psychologique. le film fut qualifier d'impersonnel lors de sa sortie, mais au contraire il constitue une pièce essentielle du cinéma d'Argento, puisqu'il apparait comme une oeuvre très personnelle qui fait écho à nombre de films de la filmographie du réalisateur (notamment Opera, Inferno et le récent la Terza Madre). Bref, Il s'agit peut-être là du chant du cygne d'un grand monsieur du cinéma, en attendant son prochain, "Giallo" qui nous démontrera peut-être qui sait, que Dario Argento n'est pas mort !

10 oct. 2008

L'Historienne et Drakula (The Historian)


Roman d'Elizabeth Kostova, publié en France en 2006 en 2 tomes de respectivement 496 et 512 pages. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Evelyne Jouve.
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Qui était vraiment le prince Vlad de Valachie, aussi connu sous le nom de Drakula, le vampire des Carpates, mort depuis cinq siècles ? C'est la question que se pose, intriguée, une jeune fille de seize ans en découvrant dans le bureau de son père un livre très ancien dont toutes les pages sont blanches, sauf la mystérieuse page centrale, sur laquelle un Dragon aux ailes déployées semble protéger entre ses griffe cet unique mot "DRAKULA".
Commence alors, pour son père comme pour elle même, une enquête périlleuse autour de cette noire figure du passé. Peu à peu, l'ombre maudite et ses émissaires se font plus présents et oppressants autour d'eux. la quête se transforme en traque, et la vérité qui se dégage de la légende pourrait bien être plus terrible encore.
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Ce premier roman d'Elizabeth Kostova, acclamé par la critique à sa sortie est basé sur une construction ingénieuse, mélant 2 journeaux intimes écrits à 30 ans d'interval. L'auteur ne reprend en aucun cas la succession de Bram Stoker et ne fait pas de son roman une suite des aventures du vampire mais bel et bien une enquête sur les fondements de la légende.




Cette grande aventure aux allures de parcours initiatique (c'en est un pour l'héroïne comme c'en fut un pour son père) met très vite le spectateur dans l'ambiance ; le premier tome se révèle passionnant, le processus d'identification est diablement efficace et les amoureux du personnage de Stoker comme moi, y prendront un réel plaisir. Non pas que Dracula soit présent dans cette première partie, il est absent de la quasi totalité du roman et pourtant, il parvient à s'imposer entre les lignes, tout suggère subtilement sa présence et la menace parait effectivement très oppressante.

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Le dépaysement est aussi au rendez vous, puisque notre jeune héroïne et son père traversent l'Europe sur les traces de Dracula, depuis les coins reculés de la Roumanie jusqu'en Turquie en passant par Venise.

Le style d'Elyzabeth Kostova est aussi très plaisant, l'auteur joue sur le côté épistolaire du roman de Stoker pour développer une psychologie très fine de ses personnages ; on ne peut simplement pas lacher ce premier tome dont les 500 pages se dévorent très vite.




Le second tome est la suite direct de l'histoire (il n'y a aucune intérruption entre les deux puisque le roman a été écrit en un livre unique), et le début est donc toujours aussi intéressant, nous suivons toujours notre jeune héroïne qui s'en entiché d'un Elève D'Oxford depuis une centaine de pages déjà, son récit est entrecoupé de celui de son père, qui raconte son périple d'il y a trente ans...et le tout fini par prendre une tournure des plus linéaire et par perdre par là la quasi totalité de son intérêt...


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L'histoire s'essoufle dans cette seconde partie, les deux récit pataugent et les révélations sont maigres. je ne voudrai pas être trop dur, car le final vaut le détour, mais la déception est grande, tant il est difficil de venir à bout des 500 pages qui constituent cette seconde partir alors que les 500 premières étaient passées comme l'éclair.

Au final, cet ambitieux roman a plutôt été pour moi une déception car toute une moitié se révèle quasi sans intérêt, malgré une recherche historique considérable de la part de l'auteur, une volonté d'hommage digne de ce nom au personnage de Dracula, qu'il s'agisse du mythe ou de ce cher Vlad III, et un style fort plaisant. Les inavouables secrets du Sultan Mehmed II n'ont rien de transcendants, et la menace de Dracula finit par paraître secondaire par rapport à l'orripilante histoire de coeur de la jeune héroïne, le journal du père reste assez intéressant...mais ne constitue pas la majeur partie de ce tome ci. Dommage...
Séduisant sur le fond comme sur la forme, The Historian n'a cependant pas comblé mes attentes, cela ne veut pas dire qu'il ne comblera pas les vôtres!

5 oct. 2008

Les femmes de ma vie # 2 : JULIANNE MOORE

Julianne Moore est née Julie Anne Smith le 3 décembre 1960 à Fayetteville en Caroline du Nord du juge militaire et Colonel Peter Moore Smith et d'une mère psychiatre Anne Moore. Elles est sortie diplômée de l'école des Arts et des Lettres de l'unversité de Boston en 1980...


Mais c'est en 1998 que je fais la connaissance de Julianne Moore. Je m'en souviens très bien, de cet après-midi pluvieux où, encore très jeune j'allais voir tout excité Le Monde Perdu de Steven Spielberg (encore aujourd'hui je suis resté un fan...toujours un grand enfant). Pincement au coeur lorsqu'elle est apparu à l'écran dans le rôle de Sarah Harding. Que cette femme était belle, si naturelle...en serai-je tombé amoureux ? à cet âge là c'est fort possible, mais une question se posera un an plus tard : aimai-je L'actrice ou le rôle dans lequel je l'avais vu s'illustrer pour la première fois ? Il me faudra attendre pour le savoir, car les films dans lesquels jouait Julianne Moore n'étaient pas à la porté d'un gamin de 9 ans.


Il me faudra attendre d'en avoir 13 pour découvrir émerveillé la filmographie de l'actrice. Tout d'abord la suite de l'excellent Silence des agneaux de Jonathan Demme, Hannibal dans lequel elle reprend le rôle de Clarice Starling au côté d'Anthony Hopkins et de Gary Oldman. Puis vient la version de Psychose de Gus Van Sant où elle incarne la soeur de Marion Crane (Anne Heche) et donne la réplique à Viggo Mortensen, Vince Vaughn et William H. Macy.

Mais c'est véritablement dans The Hours de Stephen Daldry, que je verrai encore plus tard (et c'est mieux comme ça) que Julianne Moore laisse éclater tout son talent et ne laisse plus l'ombre d'un doute sur son statut de grande actrice.





Dans ce superbe film tiré du roman Les Heures de Michael Cunningham lui même librement inspiré de la vie et du roman "Mrs Dalloway" de Virginia Woolf, Julianne Moore incarne Laura Brown, femme des années cinquante qui ne pense qu'à fuir une vie qui ne lui va pas. The Hours met aussi en scène une Nicole Kidman méconnaissable en Virginia Woolf et une Meryl Streep en Mrs Dalloway moderne, ainsi que d'autres grands acteurs et actrices telle que Ed Harris, Tony Collette et Miranda Richardson. Un film bouleversant de vérité, une magnifique réflexion sur le sens de la vie et sur ce que chacun nous apporte...

Après ce chef-d'oeuvre, je continue de découvrir la filmographie de l'actrice dans un joyeux désordre, me jetant sur les films sortant en salle ; Mémoire effacée, Freedomland, Les fils de l'Homme et cherchant à me procurer par tous les moyens des films plus anciens ; Tales from the Dark side, la main sur le berceau, Magnolia, Body of evidence ainsi que le très simple et très joli Terre Neuve et le superbe mélodrame Loin du Paradis.


En 2007 elle incarne Barbara Daly Baekeland, dans l'histoire vraie de la femme de Brooks Baekeland, héritier de l'inventeur du Bakélite dans le très beau et pourtant décrié Savage Grace de Tom Kalin. Mal à l'aise dans son nouveau rôle de femme du monde Barbara va se réfugier dans une relation quasi incestueuse avec son fils Tony méprisé par son père. Encore une fois Julianne Moore se révèle d'une parfaite justesse, dans ce role troublant, ayant déjà montré à plusieurs reprise qu'elle incarnait la mère par excellence, elle semble ici vouloir le démentir avec cet inquiétant revirement. Dans la vie Julianne Moore n'en est pas moins une mère aimante et attentionnée, soyons en sûr, Caleb et Liv Helen (enfants qu'elle a eu avec le réalisateur Bart Freundlich, son époux actuel) ont bien de la chance !

Le 8 octobre sortira au cinéma le nouveau film de Fernando Meirelles (à qui ont doit déjà La cité de Dieu), Blindness, dans lequel Julianne se retrouve la seule à voir dans un monde où tout le monde devient aveugle, Pas de doute que l'actrice saura se montrer une fois encore et comme toujours à la hauteur.



Julianne Moore reste pour moi, l'une des plus grandes et des plus belles actrices de son temps, superbe rousse au regard pénétrant, qui a su en peu de temps (sa carrière n'a réellement pris son envol qu'en 2000) s'approprier tant de rôles pas toujours faciles. Une grande, grande, grande actrice !