21 déc. 2009

The Undying Monster

Réalisé par John Brahm en 1942.
Avec James Ellison, Heather Angel, John Howard, Bramwell Fletcher, Heather Thatcher, Aubrey Mather, Halliwell Hobbes. D'après le roman de Jessie Douglas Kerruish.


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Une malédiction étrange semble planer depuis des siècles sur la famille Hammond dont les membres finissent tous par mourir prématurément des suites de l'attaque d'une créature étrange, c'est du moins ce que dis la légende, mais le Dr Colbert penche pour une tout autre théorie qui implique la lycanthropie...
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Produit par la 20th Century Fox en réponse au Wolfman d'Universal réalisé un an plus tôt par Georges Waggner, The Undying Monster (aussi connu sous le titre The Hammond Mystery) est la première incursion de John Brahm dans l'épouvante, suivront The Lodger (1944 avec Georges Sanders, Merle Oberon et Laid Cregar), fameuse adaptation du roman de Mary Belloc Lowndes sur Jack l'éventreur, et le superbe thriller Hangover Square (1945), bénéficiant d'un score mémorable de Bernard Herrmann.

John Brahm n'est certes pas parvenu à s'affirmer comme un auteur à la manière de Hitchcock, mais il a démontré à travers sa filmographie qu'il était un maître du suspens et avec The Undying Monster, il réalise une transposition du mythe du loup-garou tout en se démarquant radicalement du film de Georges Waggner qui restera LA référence en la matière.
Tourné dans des décors gothiques rappelant le superbe manoir de Manderley dans Rebecca de Hitchock ou la demeurre Baskerville dans le film de Terence Fisher, magnifiés par un noir et blanc à la photographie parfaite, l'intrigue de The Undying Monster se rapproche d'ailleurs des deux films sus-mentionnés pour donner au final un cross over inattendu entre Sherlock Holmes et Dark Shadows sur fond de lycanthropie lattente.
Dans le même ordre d'idée on remarquera que le duo d'agents de Scottland Yard, Robert Curtis et son assistante Christy se rapprochent d'un Holmes facétieux et d'un (ou une) Watson survoltée.
Plus orienté vers le suspens que vers l'action, The Undying Monster ne nous gratifie pas d'une scène de transformation comme The Wolfman et préfère jouer la carte du mystère jusqu'à la toute fin, ce qui rend le film quelque peu bavard et entrave l'approfondissement de la psychologie de certains personnages, du loup-garou surtout.
Techniquement irréprochable, le film de John Brahm a beau présenter des cadrages intéressants (notamment un point de vue depuis l'intérieur d'une cheminée qui sera repris par Corman 20 ans plus tard), de magnifiques décors, des personnages attachants (Heather Angel dans le rôle d'Helga Hammond) et un huis-clos qui fonctionne à merveille, il peine tout de même à passer pour autre chose qu'une belle série B.
Il en reste une réussite gothique indéniable qui ravira les amateurs du genre et que tout cinéphile doit absolument découvrir même si on préfèrera aisément The Wolfman (1941) dont le remake est d'ailleurs attendu pour février 2010.

30 nov. 2009

Le Chien des Baskerville (1983)

Réalisé par Douglas Hickox en 1983.
Avec : Ian Richardson, Donald Churchill, Denholm Elliott, Glynis Barber, Ronald Lacey, Martin Shaw...

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Sherlock Holmes reçoit à Bakerstreet la visite du Dr Mortimer qui vient l'entretenir des étranges évènements qui entourent la mort de Sir Charles Baskerville... Un manoir perdu dans la lande, des marécages, une malédiction ayant pour objet un chien monstrueux... exactement ce qu'il fallait à Holmes pour se changer les idées !
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Produite en 1983 pour la télévision, cette version du Chien des Baskerville, bénéficie certes d'un casting intéressant, mais ne présente rien de nouveau sous le soleil. En effet sans être une déception, il s'agit là d'une retranscription relativement fidèle, relativement bien jouée du célèbre roman de Conan Doyle.
Ce qui frappera d'emblée, c'est le thème composé par Michael J.Lewis, qui évoque plus un film d'aventure qu'une enquête holmesienne, cette musique, excellente au demeurant est un peu trop présente et tend à faire oublier le caractère gothique de la trame. L'ambiance en est quelque peu altérée alors que les décors participent à rappeler le film de Terence Fisher (1959) ce qui n'est pas pour servir ce téléfilm qui ne tient certainement pas la comparaison avec le chef-d'oeuvre de la Hammer.
Au niveau du casting, qui est intéressant donc, Ian Richardson est un choix des plus pertinent, bien que son interprétation de Holmes soit des plus classiques, beaucoup trop pour être retenue même si le physique de l'acteur est très proche de l'idée qu'on se fait habituellement du personnage. Donald Churchill quant à lui semble s'évertuer à reprendre la partition immortalisée tristement par Nigel Bruce dans les années 40, celle d'un Watson assez bedonnant et quelque peu crétin... nous voila face à un duo bien carricatural, mais fort plaisant car l'humour n'est jamais bien loin. Le reste du casting suit, toujours intéressant mais jamais brillant, on a connu Glynis Barber plus à l'aise et plus naturelle, la pauvre femme semble jouer comme si elle était continuellement constipée, Denholm Elliott et Ronald Lacey aussi d'ailleurs à croire qu'il y a eu un virus sur le tournage, ou une odeur étrange, tant tous les interprètes semble constamment mal à l'aise.
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Mais passant sur ces détails, préférons nous tourner vers les qualités esthétiques de cette production qui sont louables, les lents travellings sur la lande brumeuses accompagnés de la bande son onirique de Lewis parviennent à nous plonger entièrement dans une intrigue vue et revue, et le montage très efficace lors des attaques du chien redonne un peu de piment à l'ensemble. On appréciera aussi les magnifiques intérieurs du manoir Baskerville et les costumes créés par Julie Harris.
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Pour être bref, cette adaptation du Chien des Baskervilles de Sir Arthur Conan Doyle peine à briller et on lui préfèrera inévitablement la version de 1959 avec Peter Cushing, ou celle plus récente de 2003 avec Richard Roxburgh, mais elle reste un divertissement de qualité, production honnête bénéficiant d'interprètes honnêtes, de beaux décors et de beaux costumes et d'une relative éfficacité pour ceux qui n'auraient jamais ni lu, ni vu The Hound of The Baskervilles.

28 oct. 2009

Les Vampires (1956)

Réalisé par Mario Bava et Ricardo Freda en 1956.
Avec :Gianna Maria Canale, Dario Michaelis, Carlo D’Angelo, Wandisa Guida, Angelo Galassi, Renato Tontini, Antoine Balpêtré, Paul Muller...

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Paris, 1956 - Le corps d'une jeune femme est retrouvé exsangue dans la scène. Pour la presse à sensation, il ne fait aucun doute que c'est là un nouveau crime perpétré par le tueur en série surnommé Le Vampire. Pierre Lantin, journaliste, n'hésite pas à marcher sur les platte-bandes de la police pour tenter d'élucider l'enquête. Le zèle du jeune homme déplait au chef de la police et le patron du journal interdit à Lantin de rester sur l'affaire, l'obligeant à écrire un papier sur le bal donné par Gisèle Du Grand et auquel il est par ailleurs convié. Malheureusement, Giselle, malgré sa beauté, ses titres, et le château de sa famille, ne plait guère à Pierre. Un signe du destin, puisqu’autrefois, la Duchesse Marguerite Du Grand éprouva un amour fou pour le père du journaliste ; un amour qui, lui aussi, n’était pas réciproque…
I Vampiri, est un film marquant dans l'histoire du cinéma, on peut en effet dire qu'il s'agit du premier film d'épouvante Italien (le genre étant interdit auparavant en Italie), ainsi que du seul film d'horreur néo-réaliste qui soit, selon Jean Pierre Dionet, ayant ouvert la voie du gothique fantastique au cinéma italien. Sans entrer dans les détails de ces répercussions, Les Vampires est avant tout une oeuvre splendide malgré les difficultés du tournage :
Ricardo Freda quitte le plateau suite à une crise contre la production, laissant le film inachevé, et inexploitable (pour cause, il en manque plus de la moitié). C'est à Mario Bava que revient la tache d'achever le film, lui qui n'a encore aucun long métrage à son actif et à qui ne dispose plus que de 3 jours. Heureusement, le directeur de la photographie (c'est ainsi qu'il est crédité au générique) a plus d'un tour dans son sac.
Mario Bava est un réalisateur de talent et un auteur fascinant à plus d'un titre, Les Vampires, dont il peut assumer en grande partie la paternité le prouve à chaque instant. Tourné tantôt dans des décors se voulant réalistes d'un Paris fantasmé (il ne s'agit que de surimpressions de monuments parisiens en arrière plan des ruelles de Rome), tantôt dans des décors gothiques (crypte, Château etc...) qui peupleront bientôt les chef-d'oeuvres de Bava (Le Masque du Démon, le corps et le Fouet et Opération peur, pour n'en citer que 3), il distille une atmosphère d'une rare élégance, magnifiée par un noir et blanc superbe et par une photographie exemplaire.
Evoluants dans ces décors, des personnages typés de films noirs nous sont peu à peu dévoilés, tournant autour du couple phare et impossible : Le journaliste en imperméable clair, Pierre Lantin et la femme fatale à la cigarette, Gisèle Du Grand.
Leur situation est dangereuse, Gisèle est éperdument amoureuse de Pierre, comme Margueritte sa tante, était amoureuse de son père. Si la situation est dangereuse, c'est bien parce que c'est Gisèle qui est amoureuse, elle qui n'a qu'une peur, vieillir et qui est toujours rejetée par l'homme qu'elle aime, comme sa tante fut rejetée par celui qu'elle aimait.
Ces similitudes vont conduire Paul, mais surtout le spectateur à soupçonner l'horrible vengeance qu'accomplit Gisèle, non sur Pierre mais sur le temps...


Le film est dominé par l'éblouissante et terrifiante prestation de Gianna Maria Canale (l'épouse de Ricardo Freda) dans un double rôle tragique qui donne au film une ampleur qu'on retrouvera dans très peu de films sur le sujet et qui permet à Bava une très belle reflexion sur la perversité du cinéma, qui aime mettre ses personnages déchéants face à leur propre image.


Autour de la scène du miroir

(le texte qui suit contient d'importantes révélations sur l'intrigue)

La scène la plus mémorable du film reste sans conteste celle ci : Gisèle, après le bal, allume une cigarette et enclenche un phonographe, puis s'admirant dans le miroir répète "Je suis belle", comme pour se convaincre que ça ne changera pas et soupir "Pierre".
Elle est interrompu par l'arrivée d'un homme qui n'est pas Pierre et qui dit l'aimer.
le début de la scène semble hors du temps : Gisèle est masquée par la fumée de sa cigarette, comme derrière un voile de brume qui la coupe du monde réel, impression renforcée par la musique diégétique, qui s'arrêtera lors d'un brusque retour à la réalité.
Lorsque Margueritte fait son apparition, la transition est fluide (le génie d'un maquillage très simple) et les deux femmes apparaissent successivement dans le même plan, l'arrêt de la musique souligne le changement. Margueritte tue le gêneur puis se dirige à nouveau vers le miroir revolver à la main.

le reflet qui jusqu'ici nous avait été caché nous apparait dans un cruel contre champ et le "je suis belle" de départ devient "je te hais" avant que la vampire ne supprime cette image d'elle-même que lui renvoie le miroir. Elle hais cette autre qui est vieille et qui donc n'est pas elle, elle ne vit que lorsqu'elle est Gisèle, elle ne vit qu'hors du temps.

Il n'est pas nécessaire que nous soit montré le visage de Gisèle rajeunit, puisque pour elle, c'est sa véritable image qu'elle voit et face à laquelle elle emploie la première personne: "je". Alors que le reflet de Margueritte lui apparait comme celui d'une étrangère, non qu'elle ne la connaisse pas, elle ne la connait que trop bien, mais refuse de partager son physique avec cette vieille femme incapable de séduire l'homme qu'elle aime. Tirer sur le miroir après avoir crié à cette autre "je te hais" est une manière d'annuler cette ressemblance, de faire disparaitre Margueritte.
Ce reflet à pour nous une fonction révélatrice : avec l'arrêt de la musique la scène s'est à nouveau ancrée dans la réalité et avec cette réalité c'est le véritable visage de Gisèle qui réapparaît, beaucoup plus insistant que celui qu'elle voudrait conserver.

La destruction de cette image de Margueritte par Gisèle préfigure la fin du personnage, lorsqu'une dernière fois, l'éphémère Gisèle reprendra les traits de la duchesse qui la trahiront et la conduiront à sa perte : La victoire du temps sur cette comtesse Bathory moderne.

18 oct. 2009

Anno Dracula


Roman de Kim Newman, publié en 1992.
Avon Books (fiction) n°72345.
403 pages.
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1992, grande année pour un certain vampire, c'est en effet l'année de la sortie du fameux Bram Stoker's Dracula de F.F. Coppola. Les années 90 dans leur globalité ont été une décénie intéressante pour le vampire puisque, plus que les films, les romans autour du personnages ont été somme toute prolifiques. On peut citer en vrac la saga de Fred Saberhagen, débutée avec Les Confessions de Dracula (suivront Les dossiers Holmes/Dracula et une floppée d'autres), l'excellente sequelle de Freda Warrington, Le Retour de Dracula, ou encore le pastiche savoureux de Tony Marks, L'Autre Dracula. Ces romans sont aujourd'hui malheureusement de grands oubliés de nos librairies (même si la sortie récente de Dracula The Un-Dead, par Dacre Stoker va peut-être changer la donne) et Anno Dracula ne fait pas exception !
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Nous sommes en 1888, et l'Angleterre est sous le joug d'un nouveau prince consort, en effet la Reine Victoria est l'épouse du Prince Vlad Tepes, connu dans toute l'Europe sous le nom de Comte Dracula ! L'ère des vampires est arrivée, une ère de décadence et d'oppression dont le symbole radicale est la tête d'Abraham Van Helsing...au bout d'une pique, pourrissant devant Buckingham Palace. Mais tandis que Londres sombre peu à peu dans les ténèbres, un minutieux tueur en série s'applique à dépeupler les bouges de Whitechapel en éventrant les prostituées...l'affaire semble assez banale jusqu'à ce qu'un message à la craie apparaisse sur l'un des murs d'une ruelle "Vampires will not be blamed for nothing" dès lors, l'affaire recquiert l'intervention des services secrets, menés par un Mycroft Holmes désabusé.
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Voila pour la petite histoire, un pitch intéressant pour un cross over sinon maintes fois vu, maintes fois fantasmé. Mais en dehors des grandes lignes qui revisitent la chûte de Dracula et les évênement de 1888, qu'offre réellement Anno Dracula ?
Kim Newman, dandy des temps modernes ancien artiste de cabaret et spécialiste des vampires sous toutes leur formes réussit à nous emmener dans un londres ténébreux plus vrai que nature et à nous faire cottoyer les protagonistes les plus connus du monde littéraire de l'époque, auteurs comme personnages, c'est ainsi qu'on croisera le temps d'une reception Florence Stoker, veuve de l'opposant Bram Stoker, riant flûte de champagne à la main, d'un trait d'humour piquant de Lord Godalming, ce cher Arthur que nous avions quitté chaud et que nous retrouvons froid comme la mort mais toujours aussi vif, pour une petite autopsie, ça sera avec le taciturne et frèle Dr Jekyll qui partage un antique laboratoire avec le Dr Moreau, on retrouvera dans les bureaux de Scotland Yard l'inspecteur Abberline désemparé, Sir Charles Warren qui risque sa tête et qui passe ses colères sur un Lestrade "jeune-vampirisé", un Dr Seward Nevrosé, et le temps d'une entrevue à Buckingham palace, un Josef Merrick effacé, Une veuve Harker qui s'est plutôt bien remise, Un prince Consort féroce et une reine qu'on sort, littéralement.
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Inutile de vous préciser que les choses vues sous cet angle rendent la lecture savoureuse sans que pour autant le tout paraisse trop léger. Kim Newman ne propose pas une telle galerie de personnages pour rien et l'utilise au mieux, même si certaines figures sont par trop sous-employées. En plus de ses figures connues, il est agréable de découvrir de nouvelles têtes avec Charles Beauregard, employé par la Diogènes Society et surtout, le personnages le plus remarquable du roman, Geneviève Dieudonné, une "ancienne" plutôt avant-gardiste, élégante et petillante, si vivante qu'elle parait traverser les pages !
Avec le personnage de Dracula, Newman réussit un petit tour de force, car la figure malfaisante est presque absente de l'intégralité du livre, mais elle est sans cesse suggérée et l'oppression qui règne dans Londres est la digne conséquence des menaces apocalyptiques proférées par le comte dans le roman de Stoker.
Il serait dommage de divulguer un quelconque pan de l'intrigue tant toutes les surprises que recèle Anno Dracula sont délicieuses et souvent d'une extraordinaire complexité, depuis la révélation concernant l'identité de coupable jusqu'à une foule de références qui feront la joie des amateurs de littérature et de cinéma vampirique !
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Anno Dracula est un véritable roman gothique, sombre et remarquablement écrit, d'autant plus remarquable qu'il s'affranchit du style épistolaire du Dracula de Stoker, duquel tant d'auteurs s'étant essayés à l'exercice n'ont pas su se détacher : Un magnifique hommage et un premier tome brillant pour une trilogie trop peu connue.

27 sept. 2009

The Pit and the Pendulum

Réalisé par Stuart Gordon en 1991
Avec Lance Henriksen, Jeffrey Combs, Oliver Reed, Rona De Ricci, Jonathan Fuller, Frances Bay...
Produit par Albert Band et Charles Band. Musique composée par Richard Band.
Librement adapté de la nouvelle The Pit and the Pendulum d'Edgar Allan Poe.

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Espagne, fin du XVème siècle, Le grand inquisiteur Torquemada orchestre exécutions et tortures au nom de Dieu. Lorsque la jeune Maria est arrêtée et enfermée pour sorcellerie, il juge que le soudain amour qu'il lui porte ne peut-être que l'oeuvre du diable mais refuse pourtant qu'elle soit torturée, il lui avoue son amour et lui coupe alors la langue pour que le secret soit gardé. Mais c'est sans compter sur Antonio, le mari de Maria qui bravera le pendule, pièce maitresse et tranchante de la collection de Torquemada pour récupérer sa bien aimée.


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Drôle de cas que celui de la compagnie Full Moon, maison de production "familliale" crée par Albert Band et son digne fils Charles connue pour ses sortie direct-to-video de série B parfois douteuse. De la même manière que l'écurie Corman ou Harry Allan Towers, l'équipe Full Moon trouve son inspiration le plus souvent dans les grand classiques, comme par exemple pour Meridian, de Charles Band visiblement tiré de la Belle et les Bête ou sa Maison du Dr Moreau tirée du roman de H.G Welles, la saga Subspecies, de Ted Nicolaou nourrie des récits de vampires modernes, ou Castle Freak de Stuart Gordon, inspiré (comme son Dagon), de l'univers de Lovecraft.


Stuart Gordon est un artisan sinon précieux du cinéma (il en est un certainemant pour le cinéma bis) un réalisateur très curieux et loin d'être inintéressant. Il a derrière lui au moins 3 succès qui sont Dagon (2001), Dolls (1987) et Reanimator (1985), dans lesquels n'apparait malheureusement pas ce The Pit and the Pendulum (1991) trop méconnu.

Le film commence bien, même très bien, avec une introduction presque baroque qui nous montre le procès pour hérésie du comte Albino de Molina ou plutôt de son cadavre, auparavant enterré selon les saints sacrements puis déterré après les conclusion du grand inquisiteur. La poésie de la scène, résidant aussi bien dans les costumes et le splendide thème musical de Richard Band que dans l'action elle-même (les cendres du comte qui remplissent un immense sablier après une flagellation qui réduit le cadavre en poussière) laisse augurer le meilleur, tout comme le magnifique générique se déroulant sur les gravures de Pieter Bruegel "The Triumph of Death".



Adapter Poe n'est pas une mince affaire et ce film n'a rien à voir avec la version de Roger Corman, c'est bien l'inquisiton espagnole qui est mise en avant par Gordon, qui en profite pour dresser le portrait d'un inquisiteur cruel (Lance Henriksen) qui n'est pas sans rappeler Frolo dans Notre Dame de paris de Victor Hugo : Il a à ses côtés un jeune idiot, diforme, qu'il a "sauvé" , qui porte les stigmates du christ et qui sera son meurtier, il ne peut se cacher son désir pour la jeune Maria qu'il considère par conséquent comme l'incarnation du diable...Une transposition intéressante qui reste néanmoins un peu trop évidente.

Le casting est comme souvent chez Full Moon composé de têtes connues et appréciées des habitués, notamment Lance Henriksen (Aliens le retour, Alien 3), terrifiant dans sa cruauté et sa folie, mais aussi Jeffrey Combs (Re-animator, Castle Freak, Dagon...), en greffier cynique ou Oliver Reed en cardinal, homme de principe mais malheureusement un peu trop porté sur la bouteille, personnage ironique, plus symbolique qu'effectif.
Rona De Ricci incarne quant à elle une Maria qui plutôt qu'Esmeralda, nous évoque Justine, des Infortunes de la vertu du Marquis de Sade, et ce plus que jamais dans une scène ou elle est convaincut que l'homme de Dieu qu'est Torquemada est sincère lorsqu'il dit qu'il les laissera vivre, elle et son mari. Elle s'affranchira de cette candeur par la suite, et le changement sera explicité lors d'une scène de "resurection" magnifique.
Gordon traite aussi d'un thème cher à Poe dans son film, le temps d'une séquence : le fait d'être enterré vivant, bien sûr, aucune adaptation de Poe n'est digne de ce nom si elle n'aborde au moins une fois le sujet.
D'un point de vue technique, le film ne souffre pas trop de son budget réduit, les décors, quoique restreints ne lassent pas et les effets sanglants, avec lesquels l'équipe ne lésinent pas sont globalement réussis et n'entrave jamais la narration : de la complaisance dans un film sur l'inquisition, ce serait un comble !



Gordon s'il ne signe donc pas ici un film historique ou une véritable adaptation de Poe, ni même les deux à la fois, dresse un portrait quelque peu extravagant de l'inquisition espagnole, violent et visuellement agréable, même beau pour un rejeton de la Full Moon dont on sait que la qualité des productions est très inégale. Une sorte de conte macabre qui pourrait, si la photographie avait fait l'objet de plus de soin, se placer aux côtés du Phantom of the Opera de Little dans la ronde interminable des adaptations des grands classiques de la littératures gothique/fantastique de la fin des années 80, au cour de laquelle les noms de Harry Allan Towers, Roger Corman, Stuart Gordon, Charles Band etc. seront amenés à réaparaître à de nombreuses reprises.

1 sept. 2009

Frankenstein Unbound



Réalisé par Roger Corman en 1990.
Avec John Hurt, Raul Julia, Bridget Fonda...
D'après le roman de Mary Shelley et librement inspiré du roman de Brian Aldiss.

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Le Dr Joe Buchanan pense avoir trouvé le moyen de créer une arme qui contrairement à la bombe atomique ne pourrait jamais mette le monde en péril. Mais sa découverte entraine un boulversement spatio-temporel qui va le conduire au début du 19ème siècle à Genève. Là il fait la connaissance de la jeune Mary Godwin et des poètes Shelley et Byron, mais assiste aussi aux faits qui ont inspiré le roman Frankenstein : il se retrouve en effet face au baron lui même et à sa créature...
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Le mythe de Frankenstein s'est trouvé surexploité dans les années 70, divers téléfilms adaptent en effet plus ou moins fidèlement le roman de Mary Shelley, comme celui de Dan Curtis, Terror of Frankenstein avec Leon Vitali, Frankenstein; The True Story de Jack Smight (dont j'ai parlé précédemment) et le cinéma d'exploitation s'en donne à coeur joie avec des variantes jouissives tel le Chair pour Frankenstein de Paul Morrissey, ou le succulent Lady Frankenstein de Mel Welles, sans oublier l'irrésistible Frankenstein Junior de Mel Brooks...tant d'avatars qu'on en vient à perdre l'essence de l'oeuvre et à oublier sa genèse et sa raison d'être. Si de 85 à 88 sortirons sur les écrans divers films narrant la genèse du roman, avec la fameuse nuit des Shelley à la villa Deodatti : Gothic de ken Russell, Rowing with the wind, avec Hugh Grant ou le très rare Haunted Summer, auxquels on peut ajouter par curiosité The Bride, avec Sting et Jennifer Beals, difficile de mettre en relation cette nuit de débauche hallucinatoire avec le Prométhée Moderne de Mary Shelley.
C'est en 1888 que Corman se voit confié un budget conséquent par la Twentieth Century Fox pour enfin faire ce lien. Voila près de 17 ans que Corman n'a oeuvré qu'en tant que producteur, et si on se souvient de la prolifique décénie 1960 (qui vit entre autre naitre le cycle Poe), Roger Corman, versatile et dillétante professionnel n'entre plus dans les bonnes grâces dans grands studios ni dans celles du spectateur. Le projet de Frankenstein Unbound aboutie finalement en 1990 à un film d'une durée totale d'une heure et vingt minutes certes nanti d'un casting de choix, d'une belle photographie et d'un scénario intéressant mais qui recevra un accueil mitigé duquel le temps n'a pas encore eu raison : Frankenstein Unbound reste un film hautement sous estimé.
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De la même manière que le Phantom of The Opera de Dwight H. Little (1989), Frankenstein Unbound revient aux fondements de l'oeuvre via un twist de même nature : Le Dr Buchanan, version moderne de Frankenstein va apprendre à ses dépend que l'histoire se répète et ce de façon irréversible. Corman réussit à rendre son histoire tout à fait crédible, ou du moins parvient à la rendre moins invraissemblable qu'il n'y parait : En effet, Buchanan en plus de se retrouver à cheval sur deux époques, va devoir jongler avec deux univers, d'un côté celui de Mary Shelley et de l'autre, celui du Baron Frankenstein, qui n'est pas encore devenu le personnage littéraire que l'on connait aujourd'hui. Le tout aurait pu devenir très compliqué, mais au final le scénario s'avère béton et jamais le spectateur ne se retrouve le cul entre quatre chaise comme le pauvre Buchanan mais suit agréablement l'intrigue.
Sur sa forme, le film ne pèche aucunement, les effets spéciaux certes un peu dépassés servent très bien le film ainsi que le superbe maquillage de Nick Dudman (qui oeuvrera plus tard sur la saga Harry Potter), on pourra aussi saluer les magnifiques costumes de Franca Zucchelli. La prestation des acteurs ne souffre aucune critique, le trio de tête John Hurt (Buchanan), Raul Julia (Frankenstein, que l'on retrouvera dans le rôle de Gomez dans The Addams Family) et Bridget Fonda (Mary Shelley) est fantastique. Nick Brimble dans le rôle du monstre offre lui aussi une belle composition, ainsi que Jason Patrick dans le court rôle de Lord Byron.
Mais vous l'aurez compris, ce qui est pour moi le point fort de Frankenstein Unbound, c'est son scénario, qui capte à merveille le message du roman de Mary Shelley dans un final apocalyptique où Buchanan se rend compte qu'il n'est lui-même plus qu'une sorte de Frankenstein et que le progrès pour le progrès engendrera toujours les mêmes effets.
Certes on pourra toujours préférer un adaptation fidèle et plus "grand publique" comme la splendide version de Kenneth Brannagh, dont je ne nie nullement les qualités, mais il serait dommage de passer à côté de la si belle reflexion que nous offre Frankenstein Unbound qui du reste et sur tous les plans n'a que peu à envier aux films de Brannagh et consort.

21 août 2009

Revenge in the House of Usher

Réalisé par Jess Franco en 1982.
Avec : Howard Vernon, Lina Romay, Antonio Mayans, Daniel White, Françoise Blanchard, Olivier Mathot...
Musique composée par Jess Franco et Daniel White.
D'après "La Chûte de la Maison Usher" d'Edgar Allan Poe.

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Allan Harker (ou pourra noter le retour fréquent de noms issus du roman Dracula dans la filmographie de Franco ; Harker, Renfield et surtout Seward) se rend au château de son ancien mentor, Roderick Usher. Ce Dernier veut confier un secret qui le pèse terriblement à son élève et ami. Harker ne sera pas au bout de ses peines lorsqu'il découvrira qui est vraiment Usher, quelle folie l'anime et quelle relation étrange il entretient avec son immense demeure.
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Etrange film que ce Revenge in the House of Usher. Exploitée sous différent titres, tels Névrose, La chûte de la maison Usher ou l'absurde Zombie 5, cette adaptation revue et corrigée par Jess Franco du classique d'Edgar Poe est un étrange patchwork qui vaut vraiment le coup d'oeil. On connait l'attachement de Franco pour le personnage qu'il à créé, à savoir le Docteur Orloff, qui est revenu fréquemment dans sa filmographie, depuis l'Horrible Dr Orloff jusqu'à la dernière apparition du personnage dans Les Prédateurs de la Nuit (avec Helmut Berger, Brigitte Lahaie, Telly Savalas, Caroline Munroe, Chris Mitchum, Florence Guérin...j'en passe et des pires). La Chûte de la maison Usher qui ne devait être à l'origine qu'une adaptation plus ou moins fidèle de la nouvelle éponyme devient finalement l'occasion pour Orloff de revenir sur le devant de la scène. Roderick Usher (interprété par l'extraordinaire Howard Vernon évidemment) est ici torturé par les esprits des femmes qu'il a tué pour rendre la vie à sa fille Melissa (tiens donc) et pour réduire l'écart entre Orloff et Usher, ce dernier est assisté par un pauvre bougre aveugle et défiguré; Morpho (ici joué par Olivier Mathot, l'acteur qui n'aurait pas été assez dynamique pour jouer Derrick).
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Howard Vernon incarnant Roderick Usher : l'homme de la maison.
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Névrose (ou Revenge in the house of Usher, ou la Chûte de la Maison Usher, appelez-le comme vous voulez), donne donc à Franco la possibilité d'un cross over improbable mais hautement intéressant, entre son univers d'épouvante surréaliste et l'univers gothique d'Edgar Poe, pour un résultat des plus singuliers. Si les décors rappellent un instant le bel effort fait pour Les Nuits de Dracula (1970), la trame a tôt fait de rappeler le tortueux Rites of Frankenstein, en effet, le film a subit, selon la volonté d'Eurociné, divers remontages et inserts lui donnant un charactère batard au final très appréciable.
La Maison Usher n'a ici rien à voir avec le manoir flamboyant (et flambant...hum) du film de Roger Corman, c'est une austère forteresse espagnole à l'allure géométrique assez déconcertante. L'intérieur est tout aussi austère, La Maison comme son occupant n'est plus qu'une carcasse branlante. Franco parvient à créer une atmosphère très réussie en donnant l'illusion du lien qui unit Usher à sa maison avec les craquements qui retentissent dans la toiture lorsqu'Usher se sent mal. La prestation d'Howard Vernon vaut le détour, l'acteur à la voix nasillarde cabotine, dans le rôle du vieux professeur à la raison chancelante qu'est Usher.
Là ou le bât blesse, c'est justement au niveau des inserts imposés par la production, certes l'idée de rapprocher Usher de Orloff est intéressante, ce n'est pas Franco qui le niera, mais une troisième sous intrigue pointe le bout de son nez et ne se dévoilera jamais vraiment laissant le spectateur dubitatif devant un pan d'ombre inutile présent dans le scénario qui n'en est que plus bancal : La présence d'Edmonda, apparemment défunte femme d'Usher, dont on ne saura jamais si elle est une hallucination, une revenante, un vampire ou une femme de chair et de sang cherchant à pousser un peu plus son cruel mari vers la folie...tout comme on ne saura jamais si les femmes attachées dans les cachots que découvre Harker sont réelles ou issues d'un cauchemar ou encore si Franco, en cour de route, a manifesté la volonté d'ajouter Barbe Bleue à l'affaire (pourquoi pas)...ni ce qui a poussé eurociné à insérer des scènes avec un personnage n'ayant presque aucune intéraction avec les autres en la personne de Mathias incarné par jean Tolzac.


Revenge in the House of Usher présente sinon une vraie adaptation de la nouvelle de Poe, une véritable synthèse du cinéma de Jess Franco et aurait en ce sens gagné à être étoffé, qui sait sur deux heures, n'en faisant peut-être pas une oeuvre plus cohérrente mais au moins plus aboutie. Il en reste un film très sympathique, tourné dans des décors intéressants et porté par une très bonne musique de Danièle White. Un Franco qui de l'oeuvre dont il est adapté ne retient que la chûte (dans les deux sens du terme), très abordable, et à découvrir séance tenante pour qui aura apprécié au préalable L'Horrible Dr Orloff !

9 août 2009

Frankenstein: The True Story

Réalisé par Jack Smight en 1972
Avec : Leonard Whiting, James Mason, Jane Seymour, David McCallum, Michael Sarrazin, Nicola Pagett, Ralph Richardson...
D'après le roman de Mary Shelley.

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Victor Frankenstein est un jeune et brillant médecin, fiancée à la belle Elizabeth, fille du très influant lord Fanshawe. Ayant perdu la foi en Dieu après la mort de son jeune frère, Victor se lance, sous l'influence de Clerval dans des expériences dangereuses ayant pour but de rendre la vie à des tissus mort, sans se douter que le tout est orchestré par l'odieux Docteur Polidori. De ces experiences naitront deux créatures Beau et Prima...et les terribles conséquences s'accumulent.
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Diffusée en Novembre 1973 sur le petit écran américain, cette adaptation très libre et très étonnante du roman de Mary Shelley bénéficie d'un casting assez extraordinaire et très intéressant ainsi que du maquillage d'un vétéran hammerien : Roy Ashton. D'une durée totale de trois heures (et 3 ou 4 minutes) cette "True story" n'a finalement plus grand chose à voir avec le roman original tant elle en modifie les évènements, personnages etc. En effet ici, c'est Clerval qui entraine Victor dans ses expériences, le film introduit aussi le personnage de Polidori (qui a réellement existé et à qui l'on doit Le Vampire, texte fondateur de la littérature fantastique) qui est une sorte de maître à penser d'une vilainie qui n'est pas sans évoquer le Dr Pretorius de Bride of Frankenstein (1935).
Ce téléfilm d'une grande qualité esthétique n'a rien à envier aux productions Hammer auxquelles il succède directement et préfigure dans un sens le Flesh for Frankenstein de Paul Morrissey (le leger aspect "homo-erotique" se pressent...et Morrissey n'aurait pas renié le séduisant Dr Frankenstein que fait Leonard Whiting, encore auréolé de son image de Romeo Montaigu). On peut en effet y déceler un certain décalage, une légère ironie vis à vis du matériel original, introduite avec subtilité par des dialogues très bien écris. Si la force de cette adaptation farfelue réside dans son casting formidable (ébréché ça et là par une ou deux apparitions manquées ou par un James Mason fatigué) elle présente aussi des décors très intéressant, qui sentent certes le studio à plein nez, mais rendent très bien le contexte dans lequel est censé se dérouler l'histoire (début du XIXème semble-t-il).


Pour un téléfilm, Frankenstein: The True Story va assez loin dans l'horreur, psychologie la plupart du temps bien sûr, mais visuelle surtout, un peu à la manière du superbe Frankenstein Must Be Distroyed (pièce maitresse de la saga de Terrence Fisher), le film nous gratifie de toute opération, de toute effusion de sang, et surtout d'un maquillage plus vrai que nature, pour une créature dont le changement physique est terriblement réalliste. On peut repprocher au film d'aller parfois un peu trop loin, par exemple avec l'horrible fin du Dr Polidori qui plutôt qu'effrayante est tout à fait ridicule. Au niveau psychologique, Don Bachardy et Christopher Isherwood au scénario effetuent un travail remarquable, surtout sur le personnage de Prima, en laquelle réside presque tout l'intérêt du métrage, remarquablement interprétée par Jane Seymour.


Disponible dans sa version non censurée sur un très bon DVD universal, cette étrange version du Mythe de Frankenstein se doit d'être découverte, pour l'impacte qu'elle produit et pour son intérêt littéraire, ses acteurs et ses dialogues. Même s'il s'agit d'un téléfilm, c'est loin d'être la plus sage adaptation, au contraire et heureusement, elle est l'une de celles qui prennent le plus de risques et c'est en grande partie pour ça qu'elle figure parmi mes préférées.

4 août 2009

Victoria : Les Jeunes Années d'une Reine

Réalisé par Jean-Marc Vallée en 2009
Avec : Emily Blunt, Rupert Friend, Jim Broadbent, Miranda Richardson, Paul Bettany, Mark Strong...

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Accedant au trône à un jeune âge, la reine Victoria est vite remarqué pour son caractère très fort et sa facilité à s'entourer de personnes de bon conseil...
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Belle production que ce Young Victoria qui nous plonge dans l'univers de cette grande reine dont l'existence à peine romancée évoque une mixte délicieux entre Jane Austen et Stephen Frears.
On peut tout d'abord souligner la finesse des dialogues et la beauté des décors, le tout remarquablement filmé (quand je dis Stephen Frears c'est pas pour rien !). Et si le biopic est par moment un peu trop polissé, un goutera aisément les délices d'une intrigue amoureuse portée par deux acteurs parfaits (et voila Jane Austen !). La beauté des costumes, de la trame sonore et le plaisir de retrouver à l'écran une souveraine aussi subtile (certes dans la réalité décrite comme peu élégante) et qui a tant fait pour les arts et l'évolution sociale de Grande Bretagne font du film un régale.



Sur le plan des acteurs, Victoria est une succulente surprise, Emily Blunt et Rupert Friend forment un couple superbe ! La palme revient à une Miranda Richardson en Duchesse de Kent qui malgré les mauvais conseils de Sir John Conroy accède à une lucidité absolument bouleversante après le quasi abandon de sa fille. Jim Broadbent dans le court rôle du roi William n'est pas en reste, fort de son air déluré dans Harry Potter, l'acteur incarne avec malice le royal tonton porté sur la bouteille et très proche de Victoria.

Un splendide biopic, qui manque tout de même de profondeur mais se montre à la fois touchant et esthétisant, qui ravira les amateurs de Jane Austen et de Stephen Frears ainsi que les férus de l'histoire de la reine Victoria qui eu, rappelons le, le reigne le plus long et le plus prospère de toute l'histoire d'Angleterre.

19 juil. 2009

Harry Potter and the Half Blood Prince

Réalisé en 2008 par David Yates
Avec Daniel Radcliff, Emma Watson, Rupert Grint, Maggie Smith, Michael Gambon, Allan Rickman, Tom Felton, Helena Bonham Carter...
D'après le roman de J.K. Rowling.
Musique composée par Nicholas Hooper.

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Alors qu'un nouvel été à Little Winging se termine, Dumbledore vient chercher Harry pour une mission particulière : convaincre Horace Slughorn de revenir à Poudlard. L'ancien professeur aurait en effet été très proche du jeune Tom Jedusor et Dumbledore compte sur Harry pour s'en rapprocher et en savoir plus sur une forme de magie très rare et perilleuse...Parallèlement un livre de potion ayant appartenu au "Prince de Sang mêlé" tombe entre les mains de Harry. A Poudlard, loin des intrigues amoureuses, un terrifiant complot se trame.
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Nous retrouvons pour la 6ème fois sur grand écran notre trio si attachant et son univers captivant. Comme pour L'Ordre du Phénix, c'est David Yates qui prend place derrière la caméra pour adapter en une durée totale de 2H32 l'avant dernier tome de la saga Harry Potter initié il ya déjà presque 12 ans par J.K. Rowling, saga qui a fait ses premiers pas au cinéma en 2001 avec le film de Chris Columbus et n'a cessé de faire ses preuves depuis.


Si le 6ème roman de Rowling est l'un des plus complexes, l'adaptation n'en patît aucunement, mais je vais essayer de comparer le moins possible le film au livre (et de ne pas dévoiler les ressorts de l'intrigue), des écris à l'écran, la route est longue. Mais force est de constater que pour le spectateur passif, et de surcroit fan du monde de Harry Potter s'attendant à un "fan service" irréprochable se trouvera gâté !
Dans une courte introduction, sorte de flashback du 5ème opus, Yates donne le ton, qu'il avait déjà esquissé avec l'ordre du phénix, et lorsque le titre apparait sur fond de ciel orageux (réminiscence du premier film ?) le doute n'est plus permis, l'oeuvre sera sombre.
Sombre ce nouvel épisode l'est bien plus que tous les préscédents réunis, tous les films depuis le 3ème (Le Prisonnier d'Azkaban, réalisé par Alfonso Cuaron) traine une aura sombre, à chaque fois décrite dans la presse comme inédite, et parfois un peu injustifiée, mais cette fois ci, nous sommes bel et bien, et enfin en face du véritable diamant noir de la saga.
Même si comme le souligne Slughorn "Nous vivons des temps de folie", cela n'empêche pas la libido de nos jeunes sorciers de se réveiller à temps. En effet, nos étudiants de Poudlard, même confronté à la menace du plus grand mage noir de tous les temps n'en restent pas moins humains, et l'amour n'est-il pas la force qui mérite toute les batailles ? Cela David Yates l'a très bien compris, Mike Newell avait déjà fait remarquablement progresser la série à ce niveau, Yates la fait enfin décoller et nous dévoile avec pudeur et tendresse les émois peines de coeur si bien décrits dans le roman.


On sera reconnaissant à Yates d'avoir enfin donné libre cour à la loufoquerie jusqu'ici trop discrète d'un Albus Dumbledore décomplexé qui ne s'étonne plus de découvrir une pièce pleine de pots de chambre dans un château qu'il est censé connaitre par coeur (CF l'évocation de la salle sur demande dans La Coupe de Feu) et profite d'une pause pipi pour regarder les modèles de tricot dans les magasines féminins. Cette fidélité des personnages est tout à fait jubilatoire pour les habitués du monde de Harry.
Profitant de l'intrigue complexe dans laquel plus rien n'est ni blanc ni noir, Yates fait évoluer ses personnages dans des nuances de gris qui font ressortir les méandres de leur personnalité, leurs doutes, leurs angoisses, qui jusque là semblaient quelque peu secondaires. C'est principalement ce qui fait qu'au niveau humain, Harry Potter et le Prince de Sang mêlé, est sans conteste le plus abouti et le plus bouleversant.
Esthétiquement, le film est un sans faute comme il fallait s'y attendre, les intérieurs tendus d'étoffes et d'ombres et les extérieurs de Poudlard sont toujours aussi beaux, et les lieux de l'intrigue (la grotte avec les inferis) sont pétrifiants de réalisme. Le score musical de Nicholas Hooper est lui aussi splendide, même s'il n'atteint pas la divine mélancolie de celui de Patrick Doyle pour La Coupe de Feu. La photographie est pour beaucoup dans l'aspect plastique magnifique de ce film, ainsi qu'une foule de petits détails dans les effets visuels qui participent à nous faire retrouver toute la magie de cet univers.


Harry Potter et le Prince de Sang Mêlé est donc une majestueuse réussite, probablement le plus touchant et le plus aboutit de toute la saga, le plus sombre, le plus sanglant et le plus triste aussi. David Yates n'a pas à rougir devant ses prédécesseurs, et surtout pas devant Cuaron dont le film a été encensé par la critique quelque peu lassée du style old school de Columbus, car il signe avec ce film une source d'émotion indéniable, une adaptation fidèle et envoutante du roman le plus difficil de la saga ; Harry Potter 6 est une joie de tous les instants et un générateur lacrymal dont la batterie ne lâche pas deux heures et demie durant doublé d'un délice visuel. Depuis près de 9 ans que la franchise sévit sur nos écrans, nous venons seulement enfin, de voir son vrai visage et putain, ça fait du bien !

7 juil. 2009

Raspoutine le moine fou



Réalisé par Don Sharp en 1966.

Avec Christopher Lee, Barbara Shelley, Suzan Farmer, Richard Pasco, Francis Matthews...


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1905, quelque part en Russie, le moine Raspoutine, qui se reposait dans un auberge réalise un miracle en guérissant la femme du tenancier. L'homme semble bon, mais son ambition va le conduire à St Petersbourg, à la court du Tzar Nicolas II et de la Tzarine Aleksandra. Parvenant à guérir leur enfant de son hémophilie, Raspoutine gagne la reconnaissance d'Aleksandra qui en fait son plus proche conseiller.
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Au milieu des années 60, la Hammer connait une baisse de régime qui se traduit dans se sproduction par une photographie plus terne qu'à l'accoutumé, une économie des décors et des costumes ainsi qu'une certaine répétition au niveau des trames narratives des différentes productions. C'est à cette période qu'à vu le jour l'un des projets les plus conséquents du studio : Rasputin the Mad Monk. Scénarisée par Anthony Hinds (sous l'habituel pseudonyme de Jonh Elder) et mise en scène par Don Sharp, cette production Anthony Nelson Keys s'écarte pas mal des sentiers d'ordinaires battus par la Hammer en ne proposant pas une nouvelle adaptation d'un classique gothique, mais bel et bien une retranscription de faits historiques ; L'arrivée de Raspoutine à la cour Impériale de Russie, de débauches en meurtres jusqu'à son propre assassinat.


Don Sharp, réalisateur entre autre du superbe Kiss of the Vampire (1964), opte pour une mise en scène soignée, très théâtrale, mais d'une éfficacité qui ne déparera pas de tout le film. On retrouve bien sûr un casting Hammerien très alléchant puisque les deux têtes d'affiche ne sont autres que Christopher Lee et Barbara Shelley (qui formaient déjà le couple star de Dracula prince of darkness), une distribution de choix et une base passionnante peuvent facilement faire de Raspoutine un film mémorable pour la Hammer en quête de nouvelles inspirations.

Mais la déception se fait sentir, si le générique sur fond de rideau cramoisi fait illusion 5 minutes, et que l'enchantement revient le temps d'une trop courte séquence de bal, la réduction maximale des lieux de l'action et une quasi totale absence de faste au niveau des costumes sont très regrettables compte tenu du sujet. Si les acteurs s'en sortent à merveille, on ne peut pas en dire autant du scénario qui, même si on ne s'attendait pas à une retranscription totalement fidèle à l'histoire, est terriblement élyptique et semble de plus calqué en plusieurs points sur celui de Dracula prince des Ténèbres (sorti la même année) ce qui pour le coup modifie totalement les événements qui voient disparaître le moine fou.

Christopher Lee dira plus tard avoir trouvé en Raspoutine l'un de ses meilleurs rôles, son plus tragiques et son plus nuancé sans doute, tout comme Barbara Shelley magnifique et poignante Sonia. On peut dire en tout cas que Lee est absolument étonnant dans ce film tant la ressemblance au véritable Raspoutine est frappante.

Raspoutine malgré un sujet en or se révèle au final comme une réalisation terne et peu ambitieuse en comparaison d'autres films "mineurs" de la firme produits dans la même période et, à raison, bien plus estimés tels Dracula prince des ténèbres ou Frankenstein créa la femme. Il mérite cependant largement qu'on s'y attarde, ne serait-ce que pour saluer la tentative qui n'a finalement qu'en partié échouée; Rasputin the Mad Monk reste un divertissement de qualité.

30 juin 2009

Marta-Ligeia, une diva dans la soie...


C'est dans un recoin sombre de l'une des dépendances que j'ai fait la connaissance de cette étrange créature. Tapie dans l'ombre, vivant dans une semi torpeur et ne mettant en mouvement ses longues pattes et son lourd abdomen que pour se nourri, cette être sans âge occupe son domaine de soie depuis des années, et je ne m'éttonnerai pas qu'il soit plus âgé que moi.




Lorsqu'elle tourne vers moi ses huits prunelles vindicatives palîes par la cataracte, et qu'elle anime lentement ses membres démesurés dans une imprécation muette, je lui pardonne, certes mon affection pour elle est à sens unique, mais les tourments de sa vie sont cause de sa solitude, solitude que je m'éfforce de ne pas troubler. Mais Marta-Ligeia, se prête aussi au jeu cabotin de la photo, depuis le temps qu'on se connait, elle sait qu'il ne serait pas de bon ton de m'opposer son droit à l'image alors qu'elle est nourrie logée.
Marta-Ligeia est somme toute assez simple, aucun caprice aucune scène, indépendante et discrète, elle se révèle cependant une chasseresse habile à laquelle ni papillons de nuit ni même ses congénères plus petites n'échappent.
Son apparence peu troubler, rebuter même, mais elle cultive un look sombre à dessein, en effet, l'araignée à des gouts littéraires très intéressants, gothiques jusqu'au bout des poils, d'où son pseudonyme évocateur.


Mais déjà la diva est fatiguée et préfère se retirer dans ses appartements, faisant fi des convenances elles nous tourne le dos, je regrette mesdames et messieurs, l'entevue est terminée. Peut-être, la grande Marta-Ligeia (dix centimètres d'envergure tout de même) malgré son grand âge acceptera de nous recevoir de nouveau plus tard.

19 juin 2009

Le Fantôme de Baker Street


Roman de Frabrice Bourland.

Publié en janvier 2008 (ed 10/18, 247 pages)

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Londres, 1932. Depuis que la minicipalité a attribué à la maison du major Hipwood le n°221 à Baker Street, le salon du premier étage semble hanté. S'agit-iol d'un esprit, comme le prétendent certains ? Existe-t-il un lien entre ces manifestations et la série de crimes qui ensaglante Whitechapel et les beaux quartiers du West End ? Motivé par un funeste pressentiment, Lady Conan Doyle, la veuve de l'écrivain, solicite l'aide de deux détectives amateurs, Andrew Singleton et Jams Trelawney. Lors d'une séance de spiritisme organisée à Baker Street, ces derniers découvrent avec effarement l'identité du fantôme. Et quand ils comprenent que les meurtres à la une des journeaux imitent ceux commis par Jack l'éventreur, Mr Hyde, Dracula et Dorian Gray, nos jeunes enquêteurs sont entrainés dans une aventure qu'ils ne sont pas pret d'oublier.
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Fabrice Bourland est une jeune auteur, passionné d'Edgar Poe, Stevenson, Hoffmann, Conan Doyle et de tout le tremblement, qui avec Le Fantôme de Baker Street entâme une série d'enquêtes réjouissantes dans l'angleterre des années 30.
Andrew Singleton et James Trelawney, nos deux héros, ne sont pas sans évoquer Sherlock Holmes et John Watson, et les enquêtes de ces détectives de l'étrange ne manquent pas d'être toujours hautement référencielles et particulièrement ce Fantôme de Baker Street qui regroupe les plus grandes figures "maléfiques" de la littérature victorienne. C'est ce qui fait de ce roman un livre très riche et captivant, réellement étonnant : Fabrice Bourlabd n'a rien laissé au hasard, depuis l'intérêt porté par Conan Doyle au spiritisme jusqu'à de menus détails dans les romans gothiques qui permettront de résoudre l'affaire. Nul doute que nous avons affaire là à un spécialiste.
L'auteur nous entraine donc dans son monde et pour peu qu'on en soit un minimum on se retrouve emporté par le jeu des conclusions, ce qui donne au Fantôme de Baker Street un caractère ludique et au lecteur aguerri une chaleureuse impression de se retrouver chez lui.
Les deux détectives amateurs sont très attachants, et les dialogues, qui ne dépareraient pas dans une nouvelle de Conan Doyle sont pour le moins piquants. Inutile par ailleurs de dévoiler l'identité du fameux fantôme de Baker Street, qui n'en est pas vraiment un d'ailleurs : En effet le roman propose l'hypothèse fort alléchante que les personnages de fictions aient grace à l'imaginaire collectif la possibilité de se matérialiser de façon plus où moins palpable selon le degré de vivacité de son image dans l'esprit des lecteurs, s'il en est un qui plus que tout autres aurait cette capacité, vous devez bien deviner lequel !
On pourra reprocher au roman un final expédié après une lecture bien trop courte, il est vrai que l'enquête se déroule sans temps morts, le tout est fort bien rythmé mais malgré tout trop rapide.
Il en reste un lecture agréable certes pas un style exceptionnel, mais un divertissement de qualité qui donne envie de retrouver Singleton et Trelawney très vite et surtout Fabrice Bourland pour d'autres ouvrages aussi référenciels et bien mené, qu'ils mettent en scène ou non les deux détectives.

12 juin 2009

Antichrist



Réalisé par Lars Von Trier.

Avec Charlotte Gainsbourg et Wilem Dafoe.

Film en compétition au festival de cannes 2009


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Impossible de résumer le film de Lars Von trier sans tomber dans une affligeante banalité, mais le propos premier du film est simple ; le deuil douloureux d'une femme névrosée qui a perdu son fils et qui rongée par la culpabilité sombre dans l'hystérie. L'effort d'un mari pour donner à ce deuil terrible des allures de thérapie, et l'envers du décors d'une nature hostile et dépouillée en lieu et place du bois qui voyait auparavant les jeux d'une mère et de son enfant.
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Antichrist se regarde comme s'écoute une symphonie, de l'ouverture jusqu'au dernier point d'orgue, et pour renforcer cette impression Lars Von Trier a choisi Haendel pour accompagner son prologue et son épilogue. Entre l'ouverture et le dernier point d'orgue, diront certains la musique ne fait office que de remplissage, mais c'est mal connaitre les grands, car jusqu'à maintenant, personne ne quitte la salle après le "pom pom pom pom" de Beethoven. Et Lars Von Trier de prouver qu'il est grand car les moments de bravoure ne sont ni concentrés dans l'ouverture ni dans l'épilogue, mais ils constituent à eux seuls le film dont la force déséquilibrée, l'adresse inégale, la virtuosité bancale et fébrile, font passer le spectateur à travers tous les états de la névrose qui noircit l'écran et tâche ici et là, de bleu, de vert et d'ocre teinté de sang le tableau déchiré du couple qui évolue à l'écran.

La prestation de Charlotte Gainsbourg valait bien le premier prix d'interprétation féminine, et celle de Wilem Dafoe est tout aussi honorable, mais ce serait oublier la place de la nature dans le film (Antichrist, c'est avant tout une ambiance), cette nature qui pourrait bien être l'"antichrist" du titre, dégoutante et putressante, envahie de mort, emplie de cris d'enfants et d'oisillons mourants : l'église de Satan comme l'appellera la femme anonyme, qui abrite en son sein les trois mendiants, qui annoncent la mort. Au détour d'une clairière, Lars Von Trier clame son désenchantement, alors qu'une biche paisible s'enfuit, trainant derrière elle un petit faon mort né qu'elle n'a pas su expulser, mais c'est le renard le premier qui dans un ultime acte de survie dévore ses propres entrailles, nous informe de la nouvelle, "Chaos Reigns !", peut-être nous en doutions nous déjà, mais c'est sûr à présent et ses paroles resteront à l'esprit du spectateur bien après la vision du film.

Inexorablement, Lars Von Trier nous entraine au fin fond de l'angoisse, sueurs, frissons, larmes et tremblement sont au rendez-vous, Antichrist est un film fait par le cinéma pour le cinéma et trouve sa force dans le fait qu'il cherche à ne satisfaire personne. Et si le fou rire au sortir de la salle vous guette, laissez le exploser, vous aurez bien le temps d'y réfléchir ensuite, et d'entendre encore le renard énigmatique vous souffler à l'oreille "Chaos reigns".

31 mai 2009

The Bride of Frankenstein

Réalisé par James Whale en 1935.
Avec Boris Karloff, Elsa Lanchester, Colin Clive, Ernest Thesiger, Valerie Hobson...
Music composée par Franz Waxman
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Un soir de Juin 1816, Lord Byron, Percy Shelley et Mary Shelley sont réunis à Deodati. Alors que l'orage gronde, Mary élabore la fin de son chef-d'oeuvre, Frankenstein, et raconte à Byron et Percy comment la créature demanda une compagne...
Des ruines du moulin que les villageois ont incendié pour faire périr le monstre, la massive silhouette se relève, bien décider à faire payer aux vivants la haine qu'ils lui opposent.
Le Baron Frankenstein se repose, traumatisé par l'échec de son travail et bien décidé à en finir avec ses idées blasphématoires, mais c'est sans compter sur le persuasif Dr Pretorius qui le pousse à recommencer pour créer cette fois une femme...
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Nous connaissons tous aujourd'hui l'histoire de Frankenstein par Mary Shelley, ainsi que le film de James Whale dont les racourcis scénaristiques ont été maintes fois repris aux cinéma. Le premier Frankenstein de Whale reste d'ailleurs l'une des plus grandes références du cinéma fantastique, même si la fidélité n'est pas toujours au rendez-vous, ne serai-ce que pour la prestation inoubliable de Boris Karloff dans le rôle de la créature et celle de Colin Clive dans le rôle d'un Frankenstein possédé par ses travaux. En 1935, Whale donne une suite à son Frankenstein en mettant en scène un pan du roman totalement éclipsé du premier film.
Le film s'ouvre d'une manière surprenante avec une introduction nous montrant le couple Shelley ainsi que Byron dans le salon de la villa Deodati, inutile de préciser que la vision qu'en donne Whale est incomparable à celle que donnera bien plus tard Ken Russell dans son film GOTHIC, mais la tentative de rattacher l'histoire de Frankenstein à celle de son auteur est louable, de plus la scène est particulièrement belle, les décors et l'orage grondant dehors, les éclairs, lui donnent un caractère onirique ensorcelant.
Si on peut voir que Whale encore une fois prend de grandes distances vis à vis du matériaux d'origine, il en reste totalement fidèle à lui-même, ainsi, l'histoire de Frankenstein reprend là où elle s'était arrêtée. Frankenstein, ainsi que sa créature ont survécu à l'incendie qui as dévasté le moulin dans la scène finale de Frankenstein. Les histoires des deux personnages vont donc se dérouler en parallèle et n'intéragir que vers la dernière partie du métrage, nous suivrons donc d'un côté le Baron Frankenstein harcelé par le Dr Pretorius, et de l'autre, la créature, pourchassée de nouveau. Whale va accentuer le côté mélodramatique de l'existence de la créature, Boris Karloff parvenait déjà à faire éprouver de la pitié pour le monstre dans une terrible scène de Frankenstein ou il jetait une petite fille dans un lac, sans comprendre, paniqué de voir qu'elle ne flotte pas comme les marguerittes. L'accent est donc mis sur cet aspect, la solitude, la tristesse, et la rancoeur, le passage avec le vieux violoniste aveugle en est un exemple parfait, même si on pourra lui reprocher et plutôt deux fois qu'une un côté "morale chrétienne" assez déplaisant.
Le Dr Pretorius, à l'origine de la création de la fameuse fiancée, est un personnage encore plus dénué de scrupule que l'était Frankenstein dans le précédent film. Tirant le personnage vers une carricature grotesque mais délicieuse, Whale en fait une sorte de magicien pervers, légèrement dérangé et carrément anachronique.
Le casting est de tout premier choix, on y retrouve les têtes d'affiches du premier film à savoir Boris Karloff dans le rôle de la créature, Colin Clive dans celui du Baron et la belle Elizabeth personnifiée pas Valerie Hobson. Mais dans ce film-ci, c'est réellement Elsa Lanchester dans le double rôle de Mary Shelley et de la Fiancée, qui tire son épingle du jeu, son apparition finale, avec son immense coiffure, drapée dans une longue robe blanche constitue le point d'orgue du film.
Karloff jugera le film inférieur au premier, du fait principalement que la créature est cette fois dotée de parole alors qu'elle avait toujours été muette, pensant que le monstre n'avait pas besoin de s'exprimer pour que l'on ressente sa détresse et qu'au contraire même son mutisme accentuait le côté pathétique. Ce "défaut" qui n'en est pas vraiment un est pallié par un accompagnement musical extra-diégétique très présent, parfois presque larmoyant qui cherche à immerger de façon excessive le spectateur dans l'histoire. Whale réalise certes un bijou d'émotion, mais dont l'ironie latente ainsi que la caractère quasi "burtonesque" avant l'heure cache une reflexion acerbe sur la religion. L'équipe du film s'en sort donc avec des honneurs largement mérité, La Fiancée de Frankenstein surpasse son ainé et forme avec ce dernier un dyptique parfait qui s'il est d'une fidélité discutable au roman de Mary Wollstencraft Godwin Shelley reste l'une des plus belles oeuvres cinématographique de tous les temps !

13 mai 2009

Tales of Terror

Réalisé en 1962 par Roger Corman.
Scénario de Richard Matheson.
Avec Vincent Price, Peter Lorre, Basil Rathbone...
Musique de Les Baxter.

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Morella est morte de puis près de 20 ans après la naissance de sa fille Elenora, mais elle hante toujours son époux. Lorsque Elenora revient à la maison après 20 ans d'absence, Morella y voit la possibiliter de revenir en chair et en os.

Le chat noir est détesté par l'ivrogne chez qui il vit, jusqu'au jour où il pourra se venger en dénonçant le meurtre que ce dernier à commis.

Enfin, Monsieur Valdemar est au prise sur son lit de mort avec un curieux docteur qu'il pourrait bien emmener avec lui dans la tombe.

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"Tales of terror" est le 3ème long métrage du cycle Poe de Roger Corman. Cette fois, Corman n'adapte pas une, mais trois nouvelles de Poe, réalisant lui-même les trois segment qui bénéficient tous de la stupéfiante prestation (j'ai presque envie de dire "présence") de Vincent Price.
Comme toujours, Richard Matheson est obligé de romancer quelque peu les récits pour les rendre adaptable, porter sur grand écran une nouvelle de Poe n'a rien de facil, mais le trio Corman/Matheson/Price a déjà su prouver qu'on pouvait s'en tirer à merveille avec La Chûte de la maison Usher et Le Puit et le Pendule.
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Avec Tales of terror on entre directement dans le vif du sujet, une voix off nous berce tandis que dans le noir apparait un coeur dont les battements nous conduisent jusqu'à Morella.
Morella est le plus court, et le plus classique des trois récits, il se rapproche énormément de la chûte de la maison Usher ou de La Tombe de Ligeia (le personnage de Vincent Price l'éternel angoissé qui vit avec la mort dans une maison branlante), ce qui en fait bien entendue une réussite plastique et tragique mais aussi une découverte assez peu surprenante. Morella aurai pu occuper à lui seul un métrage entier, mais le choix de Corman de l'inclure en tant que sketch est compréhensible compte tenu des similitudes trop flagrantes avec d'autres films de la série.
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Le Chat noir est au centre du film, et en constitue d'ailleurs l'intérêt principal. Bien plus long que Morella, Le chat Noir, quoique bien édulcoré par rapport au texte d'origine, est assez fidèle à l'esprit de la nouvelle. Si Matheson se permet de broder autour du personnage principal, incarné avec beaucoup d'humour par Peter Lorre, le final laisse apparaitre toute l'horreur et toute l'ironie de l'histoire : "j'avais muré le monstre dans la tombe", les cris du chat noir risque de hanter le spectateur un long moment.
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L'étrange histoire de Mr Valdemar sans être ininteressant est certainement le plus faible et le moins accessible des trois récits. Vincent Price y incarne un homme mourant qui réclame les services d'un étrange médecin pour ne pas souffrir. Le médecin, campé par un Basil Rathbone aussi rigide que Sherlock Holmes, va s'emparer de son âme et se jouer du mourant l'empêchant de trouver le repose jusqu'à ce que ce dernier accepte de lui donner la main de la veuve. Le final granguignolesque, même s'il peut se targuer d'une certaine fidélité à Poe n'a pas l'ampleur nécessaire pour clore le métrage.
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En bref, Tales of Terror, de par son caractère inégal et la trop courte durée de ses récits peut paraitre quelque peu hermétique aux novices. La qualité aléatoires des segments ne rend pas pour autant le tout désagréable et on y retrouve toute l'ambiance et de nombreux themes du cycle Poe. Tales of terror constitue donc une belle synthèse de l'univers d'Edgar Poe et de la série initiée par Roger Corman, dont le segment, Morella, s'il n'est pas le plus original reste mon préféré.

5 mai 2009

Edge of Sanity

Réalisé par Gérard Kikoïne en 1989.
Avec Anthony Perkins, Glynis Barber, Sarah Maur Thorp, David Lodge, Ben Cole...
Music composée par Frédéric Talgorn.

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Le Docteur Henry Jekyll cherche à remplacer la morphine par une dilution de cocaïne comme anesthésiant pour créer un anesthésiant local non addictif et sans risque pour le patient. Un soir qu'il teste la mixture sur son singe dans son laboratoire, un geste malencontreux de l'animal provoque une réaction qui plonge la pièce dans les émanations de cocaïne. Lorsque Jekyll en sort, il se retrouve embarqué dans un trip qui le conduira aux limites de la raison : il devient Jack Hyde et s'adonne dans Whitechapel à son passe-temps favoris, le meurtre de prostituées !

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La fin des années 80 a constitué une période riche en adaptations de classiques de la littérature, on peut citer le téléfilm de David Wickes, Dr Jekyll & Mr Hyde, celui de Alan Birkinshaw, La Chûte de la Maison Usher, ou le superbe film de Dwight H. Little, Phantom of the Opera. Il est étonnant de constater que les deux dernières empruntent une voix très éloignés de leurs prédécesseurs, on sait par exemple que contrairement aux adaptations antérieures, la version du fantôme de l'opéra par Dwight H. Little, tout en étant très fidèle au roman de Leroux, est un film relativement violent. Un autre film, adapté du grand classique de la littérature gothique (The strange case of Dr Jekyll and Mr Hyde), j'ai nommé Edge of Sanity va opter pour le même parti pris en l'étirant jusqu'au limite du visible.

C'est Gérard Kikoïne qui se retrouve aux commandes de la chose, l'homme est déjà connu pour son passif cinématographique dans l'érotisme ou même dans la pornographie, sans connaître les titres, on connait au moins la réputation du monsieur et ce n'ets pas sans une certaine appréhension que l'on visionne sa mise en image très...personnelle, de l'étrange cas du Dr Jekyll et de Jack l'éventreur...pardon je veux dire, de Mr Hyde !

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Mais c'est pourtant dans un état de quasi jubilation que j'ai extirpé Edge of Sanity de sa fragile gangue de coellophane après l'avoir déniché dans une fabuleuse boutique de Bruxelles !

Dès l'introduction, ce qui frappe, c'est la douceur du score musical composé par Frédéric Talgorn, qui évoque une valse de Vienne et la photographie très net qui impose à l'oeil une définition des rouges et des noirs terriblement profonde annonçant déjà les couleurs dominantes du métrage.

Du début jusqu'à la fin, Edge of Sanity se concentre sur son personnage central, le Dr Henry Jekyll, interprété génialement par Anthony Perkins encore auréolé de la folie de Norman Bates dans Psychose d'Alfred Hitchcock. Jekyll nous est montré comme un personnage frustré sexuellement, traumatisé dans son enfance qui trouve dans la cocaïne un échapatoire qui lui permet d'assouvir ses penchants issus du trauma sans éprouver de remords et sans pouvoir être démasqué. Nuit après nuit, Jekyll devient Hyde et dans cet état second par à la recherche de Suzanna, celle qui lui causât tant de torts lorsqu'il était petit garçon trop curieux et la reconnait à travers chaque prostitué qu'il cottoie. L'acte charnel n'est jamais représenté à l'écran, ou du moins, Hyde ne s'y adonne pas, préférant pousser jusqu'au bout le parti pris de la frustration.

La mise en parallèle de Hyde et de Jack l'éventreur n'est pas sans rappeler Dr Jekyll and Sister Hyde de Roy Ward Baker (1972): tout en proposant une explication aux antipodes l'une de l'autres, les deux films jouent sur le tableau de la double personnalité, utilisant à merveille le fait que l'éventreur aie pu être doué de connaissances médicales, et pourquoi pas médecin lui-même.

Psychologiquement très riche et porté par des dialogues qui soulèvent nombre de question philosophiques (l'homme est-il libre, que deviendrait-il une fois sorti du carcan de la loi, pourrait-il profoter d'une liberté totale, ou en serait-il incapable et préfèrerai se réfugier dans l'établissement de nouvelles règles...?), le film peut aussi s'ennorgueillir de son casting. Aux côtés de l'excellent Anthony Perkins, on trouve la très jolie Glynis Barber et le très aristocratique David Lodge qui cadrent parfaitement dans le tableau de la haute société victorienne. Pour couronner le tout, les décors servent à merveille le récit: la direction artistique, tout en respectant les codes de l'époque s'autorise quelques excès ça et là, donnant au Londres du XIX un caractère Jekyll&Hyde qui en fait le jour une façade lisse de convenance et la nuit, des bas fond de débauche, humides des ébats qui les agitent. Il est à souligner aussi que la BO tient tout au long du film le même souffle qu'au début et que l'ensemble savament orchestré constitue une véritable symphonie de l'horreur dont le climax n'est pas sans faire penser au Nouveau Monde de Dvorak.

Bien sûr je ne cacherai pas que Kikoïne a par moment laissé allé sa caméra aux limites du visible, mais ce sans pour autant tomber dans la pornographie. A la manière d'un Ken Russell par exemple, il offre une relecture à la fois odieuse et géniale, ou génialement odieuse d'un mythe qui n'a jusque là été traité que de manière fort sage, ainsi qu'une pièce essentielle à la longue série des adaptation de Jekyll & Hyde qui montre qu'il est encore et toujours possible de renouveler un mythe bien connu. Il nous évite ainsi la vision d'un énième drame ou se mélange les visage de John Barrymore, Spencer Tracy ou Michael Cain (qui même s'il sont excellents n'en restent pas moins interchangeables) et fait de son Henry Jekyll un personnage à part, reconnaissable entre mille qui possède sa propre histoire, et ses propres visages.

Vous l'aurez compris, je conseille vivement Edge of Sanity à tout ceux qui s'intéressent à la nouvelle de Stevenson, qu'ils en aient vu d'autres adaptations ou non. Bien sûr, seule elle ne peut se suffire à elle-même, mais complêtée de la lecture du roman et/ou de la vision d'une adaptation plus classique, elle peut alors affirmer son originalité ! Elle n'est cependant pas à mettre devant tout les yeux et même à réserver à un public averti voire exclusivement adulte.


(petit détail intéressant, le film est produit par Harry Allan Towers et sa femme Maria Rohm qui ont tout deux fait parti de l'entourage proche de Jess Franco à la fin des années 60.)

25 avr. 2009

WILDE

Réalisé par Brian Gilbert en 1997.
Avec Stephen Fry, Jude Law, Vanessa Redgrave, Jennifer Ehle, Michael Sheen, Zoe Wanamaker, Tom Wilkinson...
D'après le livre de Richard Ellman.
Musique composée et dirigée par Debbie Wiseman.


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Le récit de la vie d'Oscar Wilde, depuis son mariage avec Constance en 1884, jusqu'à sa mort en 1900, en passant par ses succès au théâtre, sa rencontre avec Lord Alfred "Bosie" Douglas et le fameux procès intenté contre lui par Lord Queensberry.


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Il est très difficile d'écrire sur les oeuvres qui nous touchent réellement, celles qui font céder en vous jusqu'à la dernière parcelle de scepticisme. Mon amour pour Wilde m'oblige toujours à considérer une éventuelle critique de ses oeuvres, ou des oeuvres lui rendant hommage, avec une certaine distance ; aussi objectif puisse-je être ou m'efforcer d'être, parfois je sens une barrière se briser et je ne peux que voir et accepter ce que je vois...


Brian Gilbert dirige avec une affection visible ce superbe, émouvant, et respectueux biopic...je ne ferai pas l'affront au lecteur de revenir une fois encore sur les faits relatés, la vie d'Oscar et son oeuvre sont connues de tous ceux qui le portent dans leur coeur, et ceux qui le détestent connaissent la scandaleuse affaire de Wilde. Mais le film fait bien plus retranscrire une période la vie d'Oscar Wilde, il nous fait entrer dans la vie de son personnage central comme peu de biopic peuvent le faire.



Le film bénéficie d'interprètes fabuleux, Stephen Fry en tête, plus vrai que nature, suivit de près par Jude Law, Jennifer Ehle et Michael Sheen ainsi que d'un score parfaitement adapté à Wilde, une musique teinté d'optimiste qui rend merveilleusement hommage à la vision du monde selon Oscar Wilde et sa capacité naturelle à relativiser même les coups les plus dures, très vite, l'air de la BO devient indiscociable de l'évocation du personnage. Inutile de parler de la reconstitution d'époque, rien d'étonnant à ce qu'elle soit parfaite, à l'image du reste.

Eblouissant sur la forme, le film l'est tout autant sur le fond, et ne cherche jamais à appitoyer le spectateur, l'ensemble reste d'une grande dignité, Brian Gilbert semble vouloir nous rapprocher de Wilde, et parvient à faire en sorte que son film n'apparaisse jamais comme un documentaire mais comme si nous étions introduit dans le salon de Tite Street et qu'un "enchanté Mr Wilde" était de mise. Le final a le bon goût d'occulter pudiquement les images des derniers jours de l'homme...

La dernière note est laissé à un épilogue très sobre et au superbe score de Debbie Wiseman qui semble clamer qu'Oscar Wilde jamais ne sombrera dans l'oubli.

L'émotion est donc au rendez-vous, et au delà de toute objectivité, WILDE est un chef-d'oeuvre qui ravira les initié, enchantera les amoureux et fera une splendide entrée en matière pour les novices à condition qu'ils aient l'esprit ouvert et que la vérité pour eux ne doivent jamais s'encombrer du masque de la bien-séance et de sa censure assassine.