8 janv. 2009

Carmilla


Roman de Joseph Sheridan Le Fanu (1814-1873), Parut en 1871.
Edition le Livre de Poche, 123 pages.

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Dans un château de la lointaine Styrie, au début du XIXème siècle, vit une jeune fille solitaire et maladive.
Lorque surgit d'un attelage accidenté près du vieux pont gothique la silhouette ravissante de Carmilla, une nouvelle vie commence pour l'héroïne.
Une étrange maladie se répand dans la région, tandis qu'une inquiétante torpeur s'empare de celle qui bientôt ne peut plus résister à la séduction de Carmilla...Un amour inéfable grandit entre les deux créatures, la prédatrice et sa proie, associées à tout jamais "par la plus bizarre maladie qui eût affligé un être humain".

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Il est de ces romans qui dès la première lecture vous ensorcèlent, vous pénètrent et vous possèdent, dont les personnages vous séduisent et vous hantent...Carmilla est de ceux-là.
Il suffirait que je m'arrête là, et mon article me semblerai complet, j'ai bien peur qu'une suite ne consiste qu'en un catalogue d'éloges sur cette sublime oeuvre gothique qui préfigure avec plus d'un siècle d'avance les vampires romantiques et sensuels de l'oeuvre de Anne Rice.
Mais je ne peux décemment pas laisser un article comme ça...
Ce qui (m'a) séduit dans Carmilla, outre ce personnage central, c'est ce paradoxe trouble Attraction - répulsion que l'on retrouve à chaque page, en effet Carmilla, même en tant que séductrice n'en est pas moins vampire et donc bourreau et la relation homosexuelle latente entre les deux femmes n'en est que plus trouble.
Carmilla est le vampire romantique par excellence, elle est capable d'aimer et elle souffre de sa condition de vampire, mais une fois son but atteint, une fois sa victime, son amour vidé de son sang elle ne peut faire autrement que de se mettre en quête d'une nouvelle proie, d'un nouvel amant, qu'elle perdra pareillement sans en faire son deuil. Mais dire pour autant que cela ne la touche pas serait mentir, Carmilla est en deuil bien sûr, en deuil constant, le deuil d'elle-même. Vampire égocentrique, et pourtant pathétique et attirante, comme le sera Louis dans Entretien avec un Vampire, Carmilla se pleure et se plaint, et si il lui arrive d'exploser de fureur, c'est contre elle-même et ce qu'elle est.

Le premier film à mon sens à avoir exploité ce côté du vampire, à montrer la créature de la nuit non plus comme le sempiternel méchant suceur de sang à abattre mais comme le véritable personnage principal a été le petit bijou gothique de Roy Ward Baker produit par la Hammer en 1970 : Vampire Lovers

La belle Ingrid Pitt dans le rôle de Carmilla dans le très beau Vampire Lovers

Il faut ajouter au film un traitement de l'image et des décors gothiques parfait et une approche discrète de l'amour qui unit les deux femmes, loins des potacheries lesbiennes de nombreuses productions de l'époque...enfin, c'est normal me dirait vous, ce film est anglais ! ^_^.

Pour les véritables amoureux de littérature gothique, Carmilla est une oeuvre à lire si ce n'est déjà fait si possible au coin du feu en regardant la neige tomber, et pour ceux qui sont déjà tombé amoureux du personnage ou simplement familier du récit, Vampire Lovers en est la meilleur adaptation à ce jour et il ne sera peut-être pas égalé de sitôt !

2 commentaires:

Clelie a dit…

Je m'étonnais presque que tu n'aies pas encore rédigé un article sur Sheridan Le Fanu, ce pillier de la littérature fantastique, ou post-gothique... A présent, c'est chose faite ^_^

Anonyme a dit…

Ce livre est sublime ! Comment ne pas être captivé par Carmilla ? A l'égal du début de Dracula (dans le château avec Harker, après c'est assez lent), c'est sublime !

(raison-et-sentiments.cowblog.fr)