26 févr. 2009

The Seven Per Cent Solution (Sherlock Holmes attaque l'Orient-Express)

Réalisé par Herbert Ross en 1976, d'après le Roman de Nicholas Meyer "La Solution à Sept Pourcent".
Avec Nicol Williamson, Robert Duvall, Alan Arkin, Vanessa Redgrave, Laurence Olivier, Charles Gray, Samantha Eggar, Regine...

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En 1891, Sherlock Holmes a mystérieusement disparu...Rongé par la cocaïne, il reste cloitré au 221b Baker Street, n'ayant plus qu'un nom à la bouche : Moriarty, soi-disant génie du crime qui veut l'anéantir. Pour remédier à ce mal, Watson et Mycroft, décident d'amener à son insu, Sherlock à consulter le Dr Freud à Viennes...Une fois délivré de l'emprise de la drogue, Holmes va faire une drôle de découverte sur l'homme qu'il pensait être son énemi juré.

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Les années 70-80 ont vu fleurir bon nombre de pastiches et de métrages, mettant en scène Sherlock Holmes, tout en étant radicalement éloignés des canons Holmesiens. Alors qu'Universal se prépare au grand retour de Dracula (qui se fera en 1979 avec Frank Langela et Laurence Olivier), la firme décide parallèlement d'offrir à Sherlock Holmes un sacré dépoussiérage, en adaptant le roman de Nicholas Meyer, The Seven Per Cent Solution. Nicholas Meyer est connu pour ses romans innovants, pastichant, confrontant les grands mythes de la littérature britannique, et si son roman est assurément un hommage au personnage de Conan Doyle il n'en est pas pour autant une parodie et si l'humour holmesiens est présent, à aucun moment le livre n'est véritablement drôle, peut-être glauque parfois, mais surtout remarquablement audacieux.

Le film Parvient très bien à retranscrire cette impression tantôt malsaine tantôt détachée, grace à une atmosphère fiévreuse, notamment lors des crises de manque de Holmes qui lui font revivre ses pires enquêtes, ainsi, Le serpent de The Spekled Band descend vers son oreillé, ou le chien des Baskerville bondit hors du placard, sans être grand guignol, The Seven Per cent Solution peut être réellement impressionnant. Bel exercice de mise en scène, le métrage est aussi doté d'une très belle musique de John Addison, inspirée des danses hongroises de Brahms, du meilleur effet lors des scènes de duels.

L'idée de départ a de quoi rebuter, faire de Holmes un cocaïnoman incapable de faire la différence entre la réalité et ses délires semble un peu tirée par les cheveux, mais Nicholas Meyer dans son roman se livre à une véritable psychanalyse du personnage, et par le biai du Dr Freud nous livre les raisons plausibles de la haine de Holmes pour un Moriarty qui au final n'est qu'un simple précepteur de mathématiques. On se voit proposer aussi une bien triste et noire explication à la méfiance de Holmes envers les femmes. Chaque rebondissement est tout à fait astucieux et tout l'univers créé par Doyle se retrouve dans le film : Tobby le St Hubert au flair exceptionnel, Mycroft (formidable Charles Gray) qui pour une fois quitte son club ! Mary (qui normalement devrait être clouée au lit, mais passons)...Ne manquent à l'appel que Lestrade et le jeune Wiggins, qui après tout n'ont pas leur place ici...


Le film se paye un excellent casting, Robert Duvall en tête, dans le rôle difficile de Watson, qui pour une fois ne passe pas pour vieux crétin (comme dans les films de Roy William Neil) mais retrouve la dignité, le courage, et surtout l'âge du narrateur ! Nicol Williamson, investit dans le rôle de Holmes fait oublier son physique pour le moins éloigné de l'idée que l'on se fait du personnage, pour paraitre aussi sincère que possible dans une interprétation qui pour moi préfigure celle de Jeremy Brett quelques dix ans plus tard. Alan Arkin fait un Sigmund Freud très convaincant et Vanessa Redgrave une superbe Lola Devereaux qui saura au final amadouer le coeur du détective.

Film rythmé et sans temps mort, Sherlock Holmes attaque l'Orient-Express est aussi divertissant qu'intéligent. Surclassant aisément le très fade "La Vie Privée de Sherlock Holmes" réalisé six ans auparavant et plaçant la barre très haut pour les films à venir (Le Secret de la Piramide et Without a Clue auront bien su relever le défi), il reste aujourd'hui l'un des meilleurs films mettant en scène le grand détective, qui n'en ressort que grandit: peu de films apportent autant à l'oeuvre dont ils sont issus. S'achevant sur une note ironique délicieuse (Spoiler !"Je prend des vacances Watson, vous n'aurez qu'à dire à vos lecteurs que j'ai été...assassiné par mon précepteur...de toute façon ils ne vous croirons pas !"), The Seven Per Cent Solution offre en un film tout l'univers du détective ainsi qu'une brillante reflexion sur les hypothétiques étapes qui ont construit un tel personnage.

1 commentaire:

Clelie a dit…

Hello Gabriel,

J'ai trouvé ce weekend The Seven Percent Solution, et je l'ai visionné avec avidité dans les heures qui ont suivi.
Ce film est absolument fantastique, à la fois dramatique et obsédant... Vraiment, j'avais quelques réticences vis-à-vis de Nicol Williamson, mais il m'a littéralement époustouflée. Comme tu le signales, il est vrai qu'il y a un petit quelque chose de Brett dans son interprétation, dans sa façon d'être et dans sa manière d'aborder le personnage. Il est passablement nerveux, agité, se tordant les mains d'une façon quasi compulsive, et très honnêtement, son personnage est arrivé à me toucher, et à susciter une véritable pitié. Même s'il y a quelques doses d'humour à froid, le malaise est bien présent durant une grande partie du film, le summum étant bien entendu les scènes de délire et de manque, qui bénéficient d'une très bonne mise en scène.

J'ai adoré l'interprétation de Robert Duvall et celle d'Alan Arkin, très convainquant en Sigmund Freud.

Petite mention à Laurence Olivier, que l'on croirait tout droit sorti d'une illustration de Sidney Paget...

Merci de m'avoir (re)fait découvrir ce film, via l'excellent avis de ce blog !

Amicalement,

Clelie