16 août 2011

Paganini


Réalisé par Klaus Kinski en 1989.
Avec Klaus Kinski, Nisolai Kinski, Debora Caprioglio, Dalila Di Lazzaro, Eva Grimaldi, Bernard Blier, Marcel Marceau...

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Ce film est une évocation très libre de la vie de Niccolo Paganini.

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Klaus Kinski est une personnalité insondable, tout au long d'une carrière plétorique, il a enchainé les tournages en fonction presque uniquement du rapport durée/salaire, choisissant de préférence les plus courts et les mieux payés sans distinction qualitative, se retrouvant à l'affiche de toute sorte de productions qui par sa seule présence acquièrent un petit statut culte. Pour que l'homme s'attèle à l'écriture et passe derrière la caméra en plus de se réserver le rôle titre, c'est bien que le projet lui tenait véritablement à coeur.

"Paganini" est en effet un projet que Kinski chéri depuis un bon moment, alors que sa carrière et sa santé battent de l'aile à la fin des années 80. C'est après le refus de Herzog de prendre les rênes, que Kinski se met en tête de réaliser lui-même le film, il est à ce moment là sur le tournage de Nosferatu à Venise, Augusto Caminito, le producteur promet à l'acteur de produire son film, à condition qu'il termine Nosferatu à Venise. Cette fausse suite du Nosferatu d'Herzog restera tristement célèbre pour avoir été totalement et consciencieusement bousillée par Kinski qui en décourageant trois réalisateur à la suite ruine quasiment Caminito, qui par dépit laisse la caméra à l'acteur fou.



Le budget de Paganini ne semble pas monumental, mais malgré tout, le film semble parfaitement répondre aux ambitions et à la folie de Kinski. Dès la première séquence, dans laquelle le jeu de Paganini déclenche un orgasme collectif dans la salle de concert, on sent que l'on se trouve devant une oeuvre bien singulière, pour ne pas dire un film de malade !

L'écriture cinématographique de Kinski est minimaliste, laissant très souvent le biopic virer à l'expérimental. Le casting finalement n'occupe qu'une place infime au sein de cette fresque bizarroïde, de laquelle n'émerge vraiment que la figure de Kinski/Paganini et dans une moindre mesure celle de son fils Nicolai/Achille. On croisera pourtant la jolie Dalila Di Lazzaro, Bernard Blier, et même le mime Mime Marceau.

Kinski ne joue pas Paganini, il EST Paganini, et parvient à nous éblouir de sa rage créatrice, à nous entrainer dans sa spirale baroque, avec cette oeuvre frénétique, sans temps morts, dans laquelle la cohérrence trouve difficilement sa place, alors que ça et là, Kinski insère quelques passages narratifs, quelques dialogues éparses, dont la simplicité renforce l'idée que son but était plutôt l'émotion pure, un but atteint lors de la dernière, majestueuse, séquence.

Paganini fut le premier film que réalisa Kinski, et il fut aussi le dernier qu'il interpréta avant son décès en 1991. Très mal reçu à la fois par le public et la critique en 1989, Kinski Paganini apparait aujourd'hui comme une curiosité, une expérience cinématographique à la fois étrange et passionnante, dans laquelle on reconnait certainement bien plus Klaus Kinski que Niccolo Paganini.

2 commentaires:

bbjane a dit…

Je suis assez curieux de découvrir ce film de Kinski, dont la réputation est assez terrible, mais qui possède probablement certains attraits propres à la personnalité de son auteur. La défense rageuse qu'il en fit au festival de Cannes (extraits visibles sur YouTube) vaut son pesant de vitriol. Le film est-il sorti en DVD ?

Gabriel a dit…

Le film a bénéficié d'une sortie DVD assez confidentielle en allemagne et en corée notamment, il semble que les deux éditions proposent la version longue du film (qui n'atteint pas les 95 minutes annoncées). Je pense vraiment que le film vaut le coup d'oeil !