20 févr. 2011

Love Letters of a Portuguese Nun


Réalisé par Jess Franco en 1977.
Avec Susan Hemingway, William Berger, Ana Zanatti, Herbert Fux, Herman José, José Viana...
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Agée de 15 ans, la jeune Maria Rosalea est forcée d'entrer au couvent, après que le Père Vicente ait convaincu sa mère de la damation encourue par sa fille qui s'est amouraché d'un jeune homme fort entreprenant. Mais les ordres se révèle un véritable suplice pour Maria, qui découvre bientôt que le prêtre et la mère supérieure s'adonne à des pratiques terrifiantes. Les accusations qu'elle porte à leur encontre ne sont pas entendues, et preuve est faite par l'inquisiteur, que les allégations de la jeune fille sont l'oeuvre du démon...
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Non, je ne tiens pas à faire de ce blog l'antre de la nunsploitation, mais le genre, malgré sa réputation a vu naitre il faut l'avouer quelques oeuvres fort intéressantes. Jess Franco, il fallait s'en douter, s'est penché sur la question, et délivré ce sombre poème, vaguement inspiré des Lettres Portugaise, mais plus globalement, de Sade et de ses affluants.

On pense évidemment à La Religieuse de Diderot, magnifiquement mis en image par Jacques Rivette, film avec lequel Love Letters of a Portuguese Nun partage certaines similitudes, mais aussi à Justine ou les infortunes de la vertu, ou encore à Alucarda chef-d'oeuvre surréaliste un peu plus tardif que j'ai déjà évoqué en ces pages.
Dans la première partie, Franco semble se cantonner aux thématiques d'usage, et abuse des "mon enfants, il faut te confesser, te laver de tes pensées impures", ce qui fini par rendre complêtement délirant et répétitif le discour du prètre alors qu'il force littéralement Maria à lui raconter des rêves érotiques qu'elle-même n'est pas sûre d'avoir eu et qu'elle semble inventer au fur et à mesure pensant que c'est ce qu'on attend d'elle. Naïve mais pas stupide, Maria finira par se rebeller, et se retrouvera enfermée, maltraitée, offerte à Satan dans une scène paroxismique dont on ignore si elle tient de la réalité diégétique ou si elle est issue des délires de la jeune fille enfermée (il convient de souligner que la scène est réhaussée en plus du grand score de Walter Baumgartner, qui réalise ici la pièce majeur d'une carrière cantonnée au BO de films érotiques allemands).
"Voici l'histoire d'une jeune fille qui écrivit une lettre à Dieu, et Dieu a répondu", nous dit la tagline, mais chez Franco, Dieu n'est jamais très présent, mais la réponse en question finit par arriver... mieux vaut tard que jamais. L'idée d'une église corrompue ne date pas d'hier, mais c'est ici l'excès qui est privilégié, le délire anti religieux, mis en scène pourtant avec une majestée inattendue, qui hisse ce film au dessus de la simple idée de nunsploitation et l'inscrit dans une sorte de lignée de classiques irréverrencieux.


On pourrait regretter que Franco n'ait pas su éviter l'écueil du Happy End, mais on peut aussi l'en féliciter, car via ce choix il permet à Love Letters of a Portuguese Nun de se démarquer radicalement de ses prédecesseurs, en sacrifiant à l'ironie le tragique, après avoir joué une heure et vingt minutes durant la carte de l'excès. Ces Lettres d'Amour d'une Religieuse Portugaise allient alors la cruauté d'un Sade et la lucidité d'un Diderot au sein d'un film qui est bel et bien l'oeuvre de Jess Franco.

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